Lors de la création de son entreprise, il est légitime de se demander quel est le meilleur endroit pour la créer ? Si vous êtes sur Paris, beaucoup vous répondront que c’est bien sûr dans la capitale qu’il faut créer son entreprise : un plus grand réseau, un plus grand nombre d’investisseurs ou d’incubateurs à proximité, … Finalement, est-ce que les autres régions peuvent être de bons choix, notamment dans les Biotech ?

Nous avons assisté à l’atelier « Biotech en France : un succès possible grâce aux clusters d’innovation locaux » du 4 Octobre dans le cadre du salon Parcours France, voici les principaux points à retenir.

Développer son entreprise de Biotech en région

Le marché des Biotech en France

Au niveau mondial, le marché des Biotechnologies est estimé à 500 Milliards d’euros pour 2020. Sur ce marché mondial, la France bénéficie d’atouts certains :

  • Une excellence scientifique dans les sciences de la vie
  • Un système de soins de haute qualité, avec un véritable intérêt pour la recherche dans le domaine médical
  • Une forte dynamique entrepreneuriale grâce au réseau de la FrenchTech
  • Un fort soutien public (la BPI), notamment dans la phase de démarrage
  • Une place financière dynamique

C’est ainsi que l’on compte environ 700 Biotech françaises, autant d’entreprises innovantes dans la MedTech et des dizaines de startups en cours de création dans les domaines de l’intelligence Artificielle, de l’e-Santé ou du big data appliqué à la Santé.

Parmi ces entreprises Biotech / MedTech, environ 1/3 sont basées dans la région Ile-de-France. La région Auvergne-Rhone-Alpes suit avec moitié moins d’entreprises, puis l’Occitanie et les Pays de Loire.

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Choisir Paris pour sa Biotech : une évidence ?

Le calcul n’est pas forcément si simple. On s’aperçoit finalement que dans les autres régions, le marché est moins concurrentiel ce qui rend l’accès aux aides plus facile ; et d’autre part, certaines thématiques sont très propices aux développement d’une entreprise dans une autre région que l’Île-de-France. C’est le cas des Biotechnologies, comme en témoignaient quatre représentants d’entreprises du secteur venus témoigner lors de cet atelier.

Tous se sont installés en dehors de la capitale, et ont préféré Lille, Grenoble et Caen pour leur activité.

Quelle région choisir pour les Biotechnologies ?

Lille, la proximité du pôle Eurasanté

Revital Rattenbach, CEO de 4P Pharma, explique qu’au moment de choisir leur lieu d’implantation, ils ont fait un tour des possibilités assez large puisqu’ils ont envisagé Marseille, Toulouse, … avant d’arrêter leur choix sur Lille.

« Le principal avantage de Lille dans le domaine des Biotech est la présence du pôle Eurasanté. Ils nous ont permis d’avoir un accès aux locaux, de trouver les premiers fonds, … ». La société a posé ses valises à l’institut Pasteur de Lille, et a pu trouver sur place de quoi combler ses attentes en termes de laboratoire et plateforme d’essais pré-cliniques. Ils ont également bénéficié de la bonne réputation de l’institut Pasteur.

Fabien PAGNIEZ, CEO de Mdoloris Medical System, dont nous avions parlé dans notre dossier sur les startups de la santé, est Lillois, comme sa société qui est née de travaux réalisés au sein du CHU de Lille et qui développe des dispositifs médicaux pour mesurer la douleur. Pour cette entreprise, le choix de Lille fut une évidence, autant par son histoire, que par la présence de l’écosystème lillois très dynamique et la proximité de Paris (1H de TGV) et de l’aéroport de Roissy (45min).

Pour le financement de la société, les fonds d’amorçage ont été obtenus dans la région. « La BPI est très accessible, les antennes régionales des banques ont été impliquées. » Puis dans un second temps, ils ont augmenté les fonds en allant réaliser des levées plus conséquentes sur Paris.

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Grenoble, la proximité du CEA

Marc Julien, Co-CEO de Diabeloop, raconte ensuite que le projet de son entreprise est issu d’un médecin basé en région parisienne, qui a trouvé le premier laboratoire pour s’installer à Grenoble. L’entreprise compte aujourd’hui une cinquantaine de personnes.

L’entreprise n’a pas jusqu’ici rencontré de difficultés pour le recrutement : « A Grenoble, le bassin d’emploi régional est très adapté pour la santé, que ce soit pour les profils de développement, informatique ou médical ».

Pour la question du financement, le premier tour fut réalisé en Love Money (par leurs proches) puis ils ont bénéficié de l’accompagnement du CEA. Dans un second temps, ils ont rencontré des investisseurs lyonnais et parisiens pour augmenter le financement. Aujourd’hui ils ont un pied-à-terre à Paris, mais comptent bien garder l’entreprise sur Grenoble.

Combiner Paris et la région : l’exemple de Neurallys à Caen

La société Neurallys a trouvé un écosystème favorable pour son développement à Caen, dans la pépinière située à côté de la fac de médecine. En lien avec le CHU, ils peuvent réaliser leurs essais cliniques in-vivo dans ce pôle. D’un point de vue médical, à Caen, se trouve une entité très pointue dans le domaine de l’AVC, ils connaissent bien leur thématique ce qui fut un plus.

Au niveau du financement, les embauches ont été facilitées par des subventions locales. Philippe Auvray en témoignait « Il y a moins de projets en région donc les gens sont plus accessibles, c’est plus facile d’obtenir un rendez-vous. Les acteurs régionaux sont plus en recherche d’innovation. »

Un des atouts de Caen est sa proximité avec Paris, notamment pour les concours, et pour cause, la société y a gardé son siège. « La bonne solution a été pour nous de combiner un siège parisien avec un établissement secondaire à Caen pour la R&D. »

Et au niveau du recrutement ? Jusqu’ici, Philippe Auvray explique que la société a réussi à pourvoir tous les postes sur place. Mais ils commencent à entrevoir quelques difficultés liées à l’attractivité de Caen, pour attirer des stagiaires. Cependant, les écoles d’ingénieur locales fournissent de bons profils.

A retenir ?

En conclusion, pour ces chefs d’entreprises, oui le succès est possible en région. Les factures de succès : les clusters d’innovation locaux, la présence d’acteurs de référence, les écoles et formations à proximité … ou encore, la combinaison d’un établissement parisien et d’un établissement dans une autre région !