quitter paris pour tours puis lorient Lors d’un départ en province, il faut garder en tête que rien n’est définitif. On peut y aller à petits pas et s’éloigner de la capitale progressivement. C’est l’option retenue par Serge et sa famille, que nous avons interrogé cette fois-ci.
Serge Massignan alias Joe, créateur du blog de mode masculine « Comme un camion », qui est parti vivre en province en deux temps. Il a d’abord quitté Paris pour Tours et vit aujourd’hui à Lorient.

Que faisiez-vous à Paris ?

SERGE : Techniquement, je suis né dans le Sud-Ouest mais j’ai grandi en banlieue parisienne. Après avoir fait un IUT, j’ai tenté des concours d’écoles de commerce. J’ai alors choisi de poursuivre mes études à Toulouse où j’ai vécu 3 ans. A l’époque, j’y serais bien resté d’ailleurs mais souhaitant travailler dans le secteur internet, c’est à Paris que j’ai décroché mon premier contrat. Je me suis installé en 2000 et j’y ai vécu jusqu’en 2007.

Pourquoi avez-vous souhaité quitter Paris ?

SERGE : En 2002, j’ai rencontré une bretonne avec qui je me suis marié 3 ans plus tard. Lorsqu’elle m’a parlé de son souhait d’avoir une maison un jour, je lui ai répondu en plaisantant que ça ne serait sans doute pas à Paris alors : ce sera la banlieue ou la Province. Et bien qu’ayant vécu 20 ans en banlieue, je préférais encore partir en Province ! J’ai de très bons souvenirs de mon adolescence mais en terme de cadre de vie de toute évidence il y a mieux que la banlieue parisienne. Quitter Paris est alors devenu un projet de couple. Notre principale motivation était d’avoir plus d’espace. Notamment pour construire une famille.

De Paris à Tours …

quitter paris pour tours SERGE : On a quitté Paris en 2 étapes. En 2007, ma femme a changé de poste. On lui a proposé une mission : Levallois-Perret ou Tours, on a choisi et on a saisi cette occasion pour déménager une première fois. On s’est installé dans une maison de 140m2 dans le centre ville de Tours car pour ma part, j’ai continué à travailler à Paris.

J’ai fais ce qu’on appelle « la navette » , tous les jours, grâce au TGV entre la gare Montparnasse, proche de mon travail et Tours. De porte à porte, je ne mettais que 1h20 malgré les 240 km qui séparent les 2 villes, et j’ai fais cela pendant près d’un an et demi avant de me mettre à mon compte.

Ceci est devenu possible car en 2004 j’avais lancé un site, Comme un Camion qui a connu un succès grandissant. Ce qui était un projet personnel est devenu au fil des années un projet professionnel qui m’a permis de gagner mon indépendance vis-à-vis de Paris.

Habitant à Tours, j’avais la possibilité de revenir travailler à Paris à tout moment. Puis au terme de 3 années, j’ai validé le fait que mon projet était viable sur du long terme, alors on a décidé qu’on pouvait s’éloigner encore plus.

… puis de Tours à Lorient

Notre rêve, et il en faut bien à chaque âge, était de vivre en bord de mer. Néanmoins je savais que j’aurais à revenir à Paris de temps en temps alors la ville idéale pour nous devait être en bord de mer et à moins de 3h de Paris. Ma femme étant bretonne, on s’est naturellement orientés vers la côte ouest. Plusieurs villes étaient dans la « short-list » : Bordeaux, La Rochelle, Nantes, Vannes. Mais on a finalement décidé de s’installer près de Lorient.

La raison principale était que ses parents y vivaient depuis que son père avait pris sa retraite de la Marine nationale. La deuxième est que l’on vit réellement en bord de mer. La première plage est à 5 minutes à pied de la maison. Que ce soit pour faire du sport, pour jouer avec les enfants ou pour prendre un apéro entre amis, on en profite quasiment toute l’année. Après avoir longtemps travaillé de chez moi, j’ai à présent des locaux dans Lorient, à 10 minutes en voiture de chez moi. Depuis cette année, nous travaillons même ensemble, chacun à son rythme, en fonction des horaires des enfants.

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Qu’est ce qui vous a aidé ou manqué lors du départ de Paris ?

SERGE : Au tout début du projet, on a consulté la liste des grandes entreprises par région. C’est une information que l’on trouve assez facilement via des magazines économiques. J’ai passé deux entretiens près de Bordeaux. J’occupais un poste de commercial dans le secteur Internet. J’ai pensé que je pourrais être commercial dans un autre domaine si cela était nécessaire. Mais j’ai réalisé que j’étais surtout attaché au secteur plus qu’à la fonction. J’ai alors considéré que la solution idéale serait de me mettre à mon compte.

Pour ce qui est de se loger, ça n’a jamais été un problème. Par rapport à Paris, tout est plus facile. Financièrement surtout : nous n’avons qu’un seul prêt à rembourser, celui de la maison. Que nous avons presque fini de rembourser d’ailleurs. En étant restés à Paris, on en aurait encore pour des années en vivant dans une surface deux fois plus petite. De toute évidence, on a un meilleur niveau de vie.

Et maintenant le bilan…

jardin public de tours SERGE : Il y a un temps pour tout. J’ai été très heureux de commencer à travailler à Paris, de profiter de tout ce que la ville avait à m’offrir en terme d’opportunités de travail, de sorties, de rencontres. Mais passé 30 ans, on a d’autres envies comme construire une famille, avoir une maison dans laquelle on se sent bien, jouer les apprentis jardinier, respirer le grand air, voir l’horizon…

Evidemment c’est un saut vers l’inconnu, d’autant plus lorsqu’on s’installe dans une ville dans laquelle on a jamais vécu comme ce fut le cas pour moi à Tours puis à Lorient. Mais on finit par avoir de nouveaux loisirs et rencontrer de nouvelles personnes.

Le temps que je ne passe plus dans les transports, je le passe aujourd’hui à faire du sport. Je cours très souvent et je me suis remis à faire du judo deux fois par semaine. J’ai aujourd’hui trois enfants avec une chambre pour chacun. Une maison suffisamment grande pour accueillir de la famille, des amis.

Quitter Paris est une décision que je ne regrette absolument pas. Si j’apprécie d’y revenir assez fréquemment (juste pour 2 jours), je n’ai jamais imaginé revivre à Paris. D’un point de vue pratique (logement, transport) ça me paraît même inconcevable à présent !

Donc bilan = qualité de vie

Un conseil pour les parisiens qui hésitent encore ?

SERGE : Evidemment Paris est pour beaucoup un choix professionnel. Grâce au développement des transports, du travail à distance, il y a une première alternative simple qui est de continuer à travailler à Paris tout en vivant en dehors (Amiens, Reims, Rouen, Tours…)

Je ne vous cache pas que cela n’a pas que des avantages. Le temps de trajet peut certes être équivalent à un trajet Banlieue <> Paris mais cela représente d’une part un budget important et d’autre part des contraintes en terme d’horaires à respecter. Lorsqu’on loupe un TGV, le suivant ne passe pas 5 minutes après. En contrepartie, on peut viser un logement deux fois plus grand et se sentir bien chez soi le week-end.

Pour ma part, ça ne pouvait être qu’une solution temporaire. L’étape suivante, ou celle vers laquelle on peut se diriger directement, est de construire un nouveau projet professionnel. Est-ce que je pourrais exercer le même métier mais ailleurs ? Changer de secteur ? Reprendre une activité ? Monter ma boite ? C’est un projet qui se prépare mais à un moment il faut se lancer aussi !

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Crédits photos bord de mer : Serge Massignan.
photos de Tours : Erin Silversmith, Parsifall – CC-By-sa