[Portrait] Quitter Paris pour entreprendre à Dijon

Co-fondateur de la société Four Data et parisien depuis toujours, Yann ne connaissait pas vraiment Dijon. Pourtant, au moment de choisir le lieu d’implantation de sa jeune startup, la capitale des Ducs disposait de solides arguments pour convaincre le jeune entrepreneur. Classée première ville du quart Nord-Est où il fait bon vivre et travailler (L’Express 2018), Dijon multiplie les atouts pour attirer les familles et les porteurs de projets, comme nous le raconte Yann.

La vie à Paris

Des origines parisiennes

Yann est né dans les Hauts-de-Seine et a grandi dans la proche banlieue parisienne avant de rejoindre le 18^ème arrondissement pour ses premières années de vie active. Il commence en tant qu’assistant de production sur une chaîne d’assemblage automobile puis intègre un site de blanchisserie, d’abord à Pantin puis à Nanterre.

C’est à cette époque qu’il rencontre Sophie qui deviendra sa compagne. Ensemble, ils donnent naissance à leurs deux premiers enfants, passant ainsi du statut de jeunes actifs à celui de jeunes parents trentenaires.

Le besoin de quitter Paris

Bien qu’ayant toujours vécu dans la région parisienne, Yann ressent assez tôt le besoin de quitter la capitale. Un sentiment renforcé par l’arrivée de ses enfants. “Nous voulions quitter Paris depuis longtemps et les enfants ont précipité les choses” nous partage-t-il.

Son envie de départ, il l’explique comme le besoin de voir autre chose : “Nous voulions changer d’air, gagner en qualité de vie et découvrir d’autres personnes.” Pour Yann, ce changement passait forcément par l’installation dans une ville plus petite. Le jeune papa nous partage aussi sa volonté de marquer le changement entre vie étudiante et vie de famille : “Paris, c’était la vie étudiante. Nous voulions nous en détacher pour créer un espace pour notre famille et construire une nouvelle vie dans un nouveau lieu.”

Place Bareuzai dans le centre-ville de Dijon
© Dijon Métropole – Jonas Jacquel

La création d’un projet entrepreneurial

Four Data

En parallèle de ses réflexions personnelles, Yann crée une société avec 4 autres collaborateurs. Dans l’équipe : un Parisien comme lui et trois Dijonnais. Tous ne se connaissent pas forcément, mais chacun a au moins une connaissance dans le groupe et l’alchimie fonctionne autour de la volonté commune de lancer un projet technologique. L’idée naît de l’un des fondateurs qui tombe régulièrement en panne de fioul, faute de connaître le niveau exact de sa cuve. Une déconvenue qui doit arriver à nombre d’entre nous, mais sans vraiment de solution. Les 5 associés décident alors de créer un logiciel capable de mesurer le remplissage des cuves. En 2016, Fuel It, qui deviendra plus tard Four Data, voit le jour. L’idée ? Proposer un logiciel permettant de mesurer le niveau de stockage de liquides et de produits en vrac. Les jeunes fondateurs ciblent le marché B2B et commencent à proposer leur logiciel aux entreprises de camions-citernes ou camions souffleurs qui l’installent à leur tour chez leurs clients, afin d’optimiser leurs tournées et éviter les ruptures. Une vraie avancée qui ne tarde pas à trouver son public notamment dans la région dijonnaise.

Le système de jauge de mesure mis au point par Four Data
©Four Data

Le choix de Dijon : l’opportunité de se démarquer

Contraint de quitter Paris dans le cadre d’une mutation professionnelle, Yann et sa famille se sont installés pendant un an à Nice. Mais rapidement, Four Data se développe et les fondateurs commencent à se poser la question du développement et de l’implantation physique de la société. Fondée par des Parisiens et des Dijonnais, la société est logiquement vouée à s’implanter dans l’une des deux villes.

À ce stade de la réflexion, Dijon possède de solides arguments pour attirer la jeune entreprise. En effet, le coût de l’immobilier, bien plus accessible, permet d’obtenir une surface plus grande qu’à Paris pour un coût moindre. Le même calcul financier s’applique aux charges salariales. Avec un coût de la vie moins élevé, Dijon propose des salaires inférieurs à ceux de la capitale. Une économie non négligeable pour la jeune startup qui a vocation à grandir et à recruter.

À taille humaine, très bien connectée aux infrastructures rails-route et accessible dans tous les sens du terme, Dijon offre aussi la possibilité d’un accompagnement plus personnalisé. Si la startup se retrouverait vite noyée dans la masse dans la capitale, à Dijon, où la concurrence est moindre, il est plus facile de sortir du lot !

Dernier argument enfin, le soutien financier aux startups dont nous parle Yann : “Il y a peu de projets technologiques à Dijon et donc beaucoup plus d’aides disponibles.” Dans le cadre d’un projet IT comme celui de Four Data, ces aides peuvent être décisives dans le développement futur de l’entreprise. S’installer à Dijon, où la concurrence est moindre, présente un avantage considérable : « les chances d’avoir une aide de la part de la BPI, du Département ou de la Région sont donc bien plus élevées.”

La décision est donc prise, Four Data s’installera à Dijon, en plein cœur de ville et à moins de 10 min à pied de la gare TGV. Yann et sa famille quittent donc Nice, où ils n’auront fait qu’un bref passage, pour s’installer définitivement dans la capitale des Ducs de Bourgogne et se consacrer pleinement au développement de la société.

La Place Darcy à Dijon
©Ville de Dijon

L’arrivée à Dijon

L’installation à Dijon en famille

Le déménagement est une formalité pour la famille qui rejoint Dijon en juillet 2018. S’ils ont souhaité rester en location pour le moment, Yann et sa compagne n’ont eu aucun mal à trouver leur bonheur avec un grand appartement proche du centre-ville. Pour Yann, l’immobilier est très intéressant pour les néo-arrivants : “le marché locatif est assez ouvert. Il n’est pas très difficile de trouver de grandes surfaces même entre 100 et 120m2. “Pour les familles aussi, Dijon ne manque pas d’atouts. Ainsi, trouver un moyen de garde pour leur petit dernier n’a posé aucun problème. Des structures adaptées permettent d’éviter la pénurie de place et de proposer une solution à chaque enfant. Yann se souvient : “À Paris, nous n’avons jamais eu de place en crèche.” À Dijon, ils n’ont aucun mal à en obtenir une et trouver une assistante maternelle s’est révélé aussi facile.

Une intégration facilitée

L’intégration n’a posé aucun problème à la famille, qui s’est d’ailleurs agrandie entre temps ! Avec ses 3 enfants de 2, 5 et 6 ans, le couple a pu lier facilement de nouvelles amitiés. Que ce soit à la sortie de l’école, lors des activités périscolaires ou simplement dans les espaces de loisirs, il est aisé de faire de nouvelles rencontres à Dijon. Yann est d’ailleurs très encourageant : “nous sommes dans un âge, 30/40 ans, où beaucoup de gens quittent Paris. Nous cherchons donc tous à rencontrer de nouvelles personnes et à nous faire de nouveaux amis.” Il ajoute même “les Dijonnais aussi sont contents de voir de nouveaux arrivants !”

Côté professionnel, l’intégration s’est aussi très bien passée. De nombreuses structures existent à Dijon pour faciliter la mise en réseau des entrepreneurs. Ainsi, Yann et ses associés ont pu compter sur le Réseau Entreprendre en Bourgogne, une référence dans l’écosystème entrepreneurial qui compte près de 200 membres et accompagne plus de 90 lauréats porteurs de projets. Four Data a aussi pu compter sur le soutien de structures locales comme la CPME 21, 1^er réseau de chefs d’entreprises de Côte d’Or et la CCI Côte d’Or. Une nouvelle fois, la taille de Dijon et la facilité d’accès à ces services ont joué un rôle déterminant pour l’entreprise. “À Dijon, nous avons affaire à de petites structures, dans lesquelles nous avons reçu un meilleur accueil et une meilleure attention qu’à Paris. Ici, les gens vous écoutent et regardent votre dossier avec attention. Nous ne sommes pas un dossier perdu en dessous d’une centaine d’autres. C’est très agréable”.

Parc de la Colombière dans la ville de Dijon
© Dijon Métropole – Philippe Maupetit

Une réussite tant personnelle que professionnelle

Un gain en qualité de vie

En y réfléchissant bien, Yann et sa famille ne connaissaient pratiquement pas Dijon. Pourtant, tout le monde s’y est tout de suite senti très bien. Pour Yann, le coup de cœur a été rapide : “Dijon est une ville à laquelle on s’attache. Elle est encore assez méconnue, mais quand on la voit pour la première fois, on est vite séduit.” “Le centre-ville est très beau, avec une architecture remarquable. C’est très accessible aux piétons” apprécie-t-il.

Au quotidien, la vie n’a aussi rien à voir avec celle qu’il a pu connaître à Paris. La facilité d’accès aux services continue encore de l’étonner : “ ici, tout est bien dimensionné. Si on va au commissariat ou refaire son passeport, il n’y pas trop de monde, ce n’est pas la folie.” Un calibrage qui contribue à créer l’ambiance générale de la ville qu’il apprécie tant : “Les gens sont plus détendus. Il n’y a pas d’attente inutile donc tout devient plus agréable.”

Pour Yann, la facilité de déplacement dans Dijon ouvre aussi le champ des possibles. Il est ravi de pouvoir quitter la ville en seulement 10 min pour aller faire de grandes balades en famille dans les environs. Il raconte : “on aime aller se promener dans les villages ou sur le plateau”. Sportive, la famille se dépense aussi au grand air : “Pour les sports nautiques, nous allons au lac Kir faire de l’aviron, du stand-up paddle ou même nager. Il y a aussi plusieurs parcs avec de beaux parcours d’accrobranche pour les enfants”.

Aviron sur le lac Kir
© Dijon Métropole – Roxanne Gauthier

Une startup en pleine croissance

Une qualité de vie qu’apprécient aussi les quinze salariés que compte aujourd’hui Four Data. Une victoire pour des fondateurs qui craignaient au début que l’implantation en région soit un frein au recrutement. Quelques années plus tard, c’est tout l’inverse qui s’est produit comme nous l’explique Yann : “être en province, s’est révélé être un argument très positif dans notre stratégie de recrutement ! Il n’y a pas forcément beaucoup de métropoles attractives dans l’Est et Dijon tire facilement son épingle du jeu”.

Aujourd’hui, tous les collaborateurs habitent à proximité immédiate de leur lieu de travail, le plus éloigné ne mettant que 15 min pour venir travailler. Une nouvelle fois, le temps gagné sur les aller-retours quotidiens se traduit par un meilleur confort de vie au quotidien pour chacun.

Autre preuve de la bonne santé de la startup, ella a récemment inauguré ses nouveaux locaux : la Station FD, toujours au cœur de la ville.

L’équipe Four Data à Dijon
©Four Data

De nouveaux projets déjà en perspective

On dit souvent que les entrepreneurs foisonnent d’idées et Yann ne déroge pas à la règle ! Totalement conquis par la dimension humaine de Dijon et les possibilités qui s’offrent à lui ici, l’entrepreneur et sa compagne souhaitent développer un nouveau projet associatif. Le couple projette d’ouvrir un établissement de restauration sous la marque Café Joyeux et ainsi favoriser l’emploi de personnes porteuses d’un handicap. Une nouvelle fois, le fait d’être à Dijon a joué un rôle déterminant : “On se sent plus en confiance, on peut développer des projets qu’on n’aurait pas osé monter à Paris. Ici, tout est à taille humaine, le réseau se crée facilement et on se sent vite à l’aise.” Lancement prévu pour 2023 !

Pour Yann et sa famille, le bilan est sans appel : “On est vraiment contents d’être à Dijon, on aime avoir un nouveau challenge et on ne veut vraiment pas retourner à Paris”. D’ailleurs, le constat semble faire l’unanimité dans le cercle de Yann : “Je ne connais personne qui regrette d’avoir quitté Paris.”

Le chef d’entreprise tient à encourager ceux qui hésiteraient : “Il faut sauter le pas ! Il y a plein d’opportunités de carrière en province auxquelles on ne pense pas. Nous sommes dans la bonne tranche d’âge pour bouger, car nous ne sommes pas encore trop chers et il y a des postes intéressants dans les PME qui permettent d’évoluer et faire carrière !”

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Photo principale : L’équipe Four Data ©Four Data
Dossier réalisé en partenariat avec Dijon métropole