Après 17 années passées à Paris, Isabelle n’envisageait pas d’en partir. Et c’est une opportunité professionnelle qui va l’emmener à quitter Paris pour Marseille avec sa famille. Une ville jusqu’alors inconnue qui a pourtant très vite su sécduire cette ex-Parisienne. Elle nous raconte.

La vie à Paris : des années heureuses

Un passage obligé par la capitale qui devait être temporaire

Isabelle : Bretonne d’origine, j’ai fait mes études à Rennes puis Nantes, avant d’arriver à Paris pour mon stage de fin d’études. À l’époque, je n’avais pas choisi d’y rester mais je considérais que c’était un passage obligé pour décrocher un premier poste dans mon domaine, la communication. À la fin de mon stage, j’ai enchaîné avec un premier boulot. Puis mon copain (rencontré pendant nos études à Rennes et devenu ensuite mon mari) m’a rejoint et a trouvé aussi sur place son premier travail.

Un passage par la banlieue parisienne

Isabelle : Nous avons d’abord passé quelques années en location à Paris près de la place de la Nation. Puis, nous nous sommes retrouvés dans le 14ème, métro Pernety. Je reste nostalgique de ce quartier que j’ai adoré ! Nous avons ensuite acheté un premier appartement en proche banlieue, à Sèvres (92). Plus tard, à la naissance de notre fils, nous avons acheté une maison à Chaville (92). Au total, j’ai passé 17 ans à Paris et dans ses environs !

Au début, nous voulions repartir à Nantes, mais quand une opportunité de travail s’y est présentée, je l’ai finalement déclinée, parce que la baisse de salaire était trop importante. Nous avons aimé nos années parisiennes ! En couple, nous sortions beaucoup. Puis plus tard, avec les enfants, nous avions une vie très agréable dans notre banlieue très verte. Nous nous sommes faits beaucoup d’amis parmi les jeunes familles qui se sont installées à la même période que nous dans notre quartier.

vivre à Marseile Boulevard André Aune à Marseille
©Tiia Monto / Wikimedia Commons

Les débuts en tant que freelance

Isabelle : En 2009, après la naissance de ma fille, j’ai décidé de travailler en freelance comme consultante en communication. En effet, la société dans laquelle je travaillais précédemment avait été rachetée par une société implantée à la Plaine Saint Denis. Les trajets devenaient alors impossibles (1h30 minimum matin et soir) . Je partais très tôt du boulot, j’arrivais quasiment toujours en retard à la crèche. J’avais le sentiment de n’être à l’heure nulle part ! Mais ce problème a été vite oublié quand j’ai commencé à télétravailler depuis la maison.

Un départ de Paris déclenché par une opportunité professionnelle

Isabelle : Au départ, on ne souhaitait pas partir de Paris. Quand autour de nous des amis disaient « y’en a marre, on va s’en aller, l’année prochaine, dans 5 ans, dans 10 ans » (la plupart y sont toujours !), on répondait que pour nous, tout allait bien ! Finalement, c’est mon mari qui a eu une opportunité de mutation à Marseille. Quand il m’en a parlé, j’ai répondu « même pas en rêve ». Et puis, comme initialement c’était pour 3 ans, je me suis dit que je pourrais bosser à distance, et que ce serait une super expérience pour les enfants, qui avaient à l’époque 4 ans et demi et 6 ans et demi.

Je n’avais jamais mis les pieds à Marseille avant de m’y installer ! Un mois avant notre emménagement, nous y avons passé un week-end tous les quatre. Quand je suis arrivée sur le Vieux Port, j’ai eu un vrai coup de foudre pour cette ville. Je n’ai plus douté du fait que nous serions très bien ici ! Bien sûr, on savait que le climat nous plairait, mais on avait aussi énormément d’échos négatifs concernant cette ville…

Un déménagement facilité par l’entreprise dans le cadre d’une mutation

Isabelle : Comme il s’agissait d’une mutation, nous avons été accompagnés dans la recherche de notre logement par une agence mandatée par l’entreprise de mon mari. Mais, comme notre interlocutrice comprenait mal nos demandes, nous avons fini par dénicher seuls notre maison en location ! Notre déménagement a été financé, donc pas de souci de ce côté. Pour moi, j’imaginais une baisse logique de mon activité le temps de me faire un réseau localement.

Le départ de Paris

Aller au-delà de l’attachement à son environnement

Isabelle : Le plus compliqué a été de nous résoudre à vendre notre maison, à laquelle nous étions attachés. Elle sentait encore la peinture fraîche puisque les derniers travaux venaient tout juste d’y être terminés ! Il nous a aussi fallu convaincre notre fils de 6 ans, qui n’avait pas du tout envie de quitter ses copains !

vivre à Marseile Basilique Notre-Dame-de-la-Garde – Vue de nuit
©Vincent / Wikimedia Commons

L’inscription à l’école à Marseille

Isabelle : J’avais des inquiétudes concernant les écoles. À Chaville, nos enfants étaient scolarisés à l’école publique, dans notre rue, et quand on parlait de Marseille autour de nous, on nous disait « école privée obligatoire » ! Nous avons finalement « décroché » une place en école privée pour notre fils et à l’école publique pour notre fille, qui était encore à la maternelle.

En fait, tout s’est très bien passé, dans les deux écoles, dès la rentrée. Je me souviens d’arriver devant l’école maternelle, classe de grande section, avec ma fille terrorisée et de dire « elle est nouvelle ». La maîtresse s’est accroupie devant elle et dans un grand sourire, elle a dit « c’est super, moi aussi, je suis nouvelle dans cette école ». Nous avions emménagé le 13 août et nous avons commencé à prendre nos marques dès la rentrée.

Retrouver de nouvelles habitudes du quotidien

Isabelle : J’ai été déboussolée par plein de petites choses. D’abord, les tickets de métro au fonctionnement différent. Également, les gens qui font la bise dans le sens « gauche-droite » et pas « droite-gauche ». Aussi, les traversées au rouge pour les piétons car un automobiliste a décidé de vous laisser passer et s’énerve si vous ne le faites pas … Je me disais parfois que partir à l’étranger serait plus facile, car il y a des comités d’accueil qui permettent d’échanger trucs et astuces sur le quotidien. Ici, on se sentait loin de nos habitudes, et sans décodeur !

Quitter Paris pour Marseille : le bilan

L’intégration facilité par les enfants

Isabelle : Au début, nous étions tous les quatre tout le temps ! C’est étrange quand on est habitué à beaucoup sortir et à recevoir. Mais la famille et les amis nous ont rapidement rendu visite. Nos enfants se sont fait des copains, dont nous avons rencontré les parents, qui sont devenus nos copains également. Je pense qu’avoir des enfants rend l’intégration beaucoup plus facile.

Nous avons décidé rapidement de nous installer ici « pour longtemps ». Pour moi, le soleil tous les jours ou presque a été une révélation. Je ne m’en lasse pas quand j’ouvre les volets le matin. Il y a deux ans, nous avons acheté une vieille bastide dans le 4è arrondissement et nous la retapons au fil du temps.

vivre à Marseile La Corniche de Marseille
©Joel Takv / Wikimedia Commons

Le réseau professionnel, un frein au travail en freelance

Isabelle : Le problème, comme souvent en province, reste le boulot. C’est très difficile d’intégrer les réseaux marseillais, la plupart de mes clients sont parisiens. Et comme je n’ai pas envie de prendre le TGV toutes les semaines, c’est compliqué. Je réfléchis à faire une formation pour un nouveau métier que je pourrais exercer plus facilement ici.

Vivre à Marseille

Une offre culturelle riche et variée

Isabelle : Il y a ici une offre culturelle importante et accessible à tous. Beaucoup d’initiatives locales vont dans ce sens ! Par exemple, La Friche de la Belle de Mai, à 10 minutes de chez nous, propose des activités pour les enfants, avec des artistes en résidence, pour un tarif symbolique. Beaucoup de belles expositions dans les musées… et en plus des activités « nature » pour tous les goûts.

Une ville pleine d’atouts

Isabelle : Il y a plein de quartiers sympa à Marseille ! Mes préférés sont le parc Longchamp, tout près de chez moi, agréable pour courir ou flâner. Il y a aussi le Musée d’Histoire Naturelle et le Musée des Beaux-Arts. Ces derniers sont répartis dans deux ailes du Palais Longchamp, un bâtiment que j’adore.

On aime également la Friche de la Belle de Mai. On y retrouve des expos, un café librairie, un cinéma sur le toit l’été et des événements réguliers. Il y a aussi le Panier qui me fait penser à l’Italie et les calanques pour les balades (au printemps et à l’automne de préférence).

Le week-end, il y a également plein de choses à faire et à découvrir aux environs. La Provence et la Côte d’Azur regorgent de villes et villages à visiter. On est très loin d’en avoir fait le tour ! Quitter Paris pour Marseille c’est avoir la mer est à deux pas et la montagne pas loin. On n’a que l’embarras du choix !

quitter-paris-pour-marseille-1280px-Calanque_Sormiou_Wikimedia_Commons Calanque de Sormiou dans le 9ème arrondissement de Marseille
© Benh Lieu Song

Quelques différences avec Paris

Isabelle : Il n’y a pas une grande culture du « sortir au restaurant » ici, même s’il y a plein d’établissements très sympas. On a plutôt l’habitude de se recevoir les uns chez les autres.

Les transports en commun sont insuffisants par rapport à la taille de la ville (seulement deux lignes de métro). Et, moi qui n’ai pas le permis, j’use beaucoup mes chaussures ! Heureusement, le climat permet de marcher en toutes saisons sous un ciel bleu.

Marseille, la réputation de l’insécurité ?

Isabelle : Quelques messages pour ceux qui auraient encore « peur » de Marseille : les règlements de compte, la violence, ne font pas partie du quotidien de ceux qui ne sont pas impliqués dans les trafics. Je ne me suis jamais sentie en insécurité ici. Marseille mérite vraiment d’être découverte sans œillères, sans se fier à ce que disent les médias.

Cela dit, ça nous arrive parfois d’en rire avec d’autres « venus d’ailleurs » comme nous. On se dit que si tout le monde pouvait imaginer notre vie ici, tout le monde s’y installerait dans la minute !

Et pour ceux qui ont décidé de s’installer à Marseille, n’écoutez pas les Parisiens qui vous disent, qu’en dehors des arrondissements 7, 8 et 9, il n’y a rien à voir. Les 4, 5è et 6ème arrondissements sont très agréables (plus « campagne » ou plus « ville » suivant les quartiers) et souvent moins chers.

Un petit conseil pour finir ?

Isabelle : Je pense qu’on a toujours le choix de partir, mais qu’il faut préparer son « atterrissage ». Par exemple, il fait être au clair sur le travail qu’on peut trouver – ou pas – à l’arrivée.

On dit souvent que « la vie est moins chère » en province, ce n’est pas vrai quand on fait ses courses de la semaine (du moins ici). Mais comme les tarifs de l’immobilier n’ont rien à voir, on peut aussi envisager de gagner moins sans que cela ne restreigne le budget disponible. Très sincèrement, moi qui n’imaginais pas quitter Paris, je me dis qu’on aurait raté tellement de choses si on n’avait pas découvert Marseille !

Merci Isabelle pour ce témoignage plein de sincérité !
Pour ceux qui aimeraient quitter Paris pour Marseille, pourquoi ne pas lire notre article consacré aux blogs marseillais incontournables ?

Photo principale : Vieux-Port de Marseille © Tiia Monto / Wikimedia Commons