Pour ce témoignage, nous partons dans le Nord Est à Metz, capitale de la Moselle pour découvrir l’expérience de Camille et Thomas, qui ont quitté Paris en Mars 2016. Un projet longuement mûri, bien préparé et avec une transition en douceur. Merci à eux d’avoir accepté de partager tout ça avec nous !

Que faisiez-vous à Paris ?

THOMAS : Je suis venu à Paris pour mes études puis je suis resté pour le travail, de 2004 à 2016. J’ai passé au total environ 12 ans à Paris mais en vivant dans différents quartiers et différents contextes (colocation, seul et en couple).
J’ai commencé à travailler comme responsable des partenariats à l’étranger pour l’école de cuisine d’Alain Ducasse, un poste qui m’a fait beaucoup voyager et m’éloigner de Paris. Puis j’ai exercé un 2e emploi dans une association en plein coeur de Paris pour gérer un programme de parrainage.

CAMILLE : Je suis née en région parisienne, à Versailles et j’y ai vécu jusqu’à mes 18 ans. Après un passage de 6 ans en Allemagne je suis revenue à Paris il y a 3 ans. J’ai travaillé en marketing dans un groupe d’électroménager en région parisienne.

Pourquoi être partis de Paris ?

CAMILLE: Avec mon mari, on s’est assez vite dit qu’on ne ferait pas toute notre vie sur Paris. Thomas est originaire de Moselle et avait un projet professionnel en tête pour là-bas, avec un soutien familial sur place. Le choix de la Moselle s’est assez naturellement imposé.
De mon côté, ça me rapprochait de l’Allemagne, un pays qui me tient à coeur et où j’ai encore des amis. C’était la région la plus naturelle pour moi parmi toutes les régions de France. Contrairement à Thomas, ça m’éloigne de ma famille, mais finalement vu les temps de trajet qu’il me fallait parfois pour aller du centre de Paris à la ville de banlieue où habitent mes parents, ce n’est pas tellement plus long que le Paris-Metz en train.

THOMAS : A Metz on est un peu comme en lointaine banlieue finalement :) A Paris ce qui nous déplaisait c’était les temps de transports un peu longs et l’appartement un peu petit. Mais en partant on va moins voir tous nos bons amis qui y sont restés pour le moment.

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Que faites-vous aujourd’hui à Metz ?

THOMAS : Les derniers mois passés à Paris m’ont permis d’initier mon projet en créant l’association Fauve qui vise à promouvoir une alimentation saine et succulente pour tous. Elle passe par différents modes d’action : des ateliers pratiques pour apprendre à cuisiner des produits frais, des interventions en école pour éduquer dès le plus jeune âge et des dégustations pour sensibiliser au goût des bons aliments.

L’idée à Metz, c’est de monter un café-restaurant reprenant les valeurs de l’association, en partenariat avec l’entreprise de mon frère qui cherchait un concept de restauration pour son nouveau bâtiment. Le timing et le concept coïncidaient avec mon projet donc on a décidé de travailler ensemble.

CAMILLE : J’ai réussi à garder mon travail en région parisienne (ce qui prouve que ce n’est pas si loin !).

Comment arriver à organiser le départ en gardant son poste actuel ?

CAMILLE : Je pense que tout est dans l’anticipation. J’ai présenté le projet à mon directeur 1 an avant de partir après avoir étudié les possibilités de transport. En parallèle mon entreprise déménageait vers un endroit d’IDF stratégique pour moi (sur l’autoroute direction Metz), ce qui simplifiait les choses. On a réfléchi à une organisation adaptée et on s’est mis d’accord sur une alternance entre 2-3 jours par semaine dans les locaux en région parisienne et le reste du temps en télétravail depuis Metz. J’ai ainsi pu garder le même travail et une voiture de fonction.

L’avantage d’en parler très tôt est que cela a permis de construire une solution à 2 avec mon employeur et non pas de le mettre devant le fait accompli (mon départ imminent). Comme il était content de mon travail, il a tout de suite été partant pour réfléchir ensemble à la meilleure solution. Je n’ai rien imposé, cela s’est construit naturellement.

Vous diriez que vous êtes partis de Paris ou venus à Metz ?

CAMILLE : A vrai dire, je me sens encore en transition. On fait pas mal d’allers/retours, surtout grâce au fait que j’ai de la famille en région parisienne. Ni installée à Metz complètement, ni définitivement partie de Paris, mais ça ne va pas durer :)

Qu’est ce qui a été le plus compliqué dans votre départ ?

THOMAS : Je connaissais un peu la région, mais la question du logement n’est pas si simple. J’avais eu souvent l’occasion enfant de venir à Metz, habitant à 30 minutes de là. Mais je ne connaissais pas suffisamment la ville pour savoir quels étaient les quartiers sympas pour vivre. On s’est appuyés sur des connaissances mais avoir des infos quartier par quartier sur l’ambiance et les spécificités auraient pu nous aider à choisir.

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Pour le logement en lui-même, on a trouvé assez facilement en se reposant sur des agences immobilières de Metz. Il y avait moins d’offres qu’à Paris bien sûr, mais aussi moins de pression, le marché est beaucoup moins tendu. Les propriétaires nous rappelaient après la visite, ce que je n’avais jamais vu à Paris. On a eu l’impression d’avoir le choix.

L’autre point est la logistique du déménagement : on a loué une camionnette et on s’est fait aider par la famille et les amis. Mais c’était un peu lourd à gérer.

CAMILLE : L’aspect réseau : je ne connais personne à Metz. Comment construire des réseaux ? Est ce qu’il existe des organismes municipaux / associations pour rencontrer des gens ?

On est contents de retrouver des gens qui ont un passé commun, donc des rencontres avec d’anciens parisiens pourraient être intéressantes et utiles.

Maintenant le bilan de votre installation ?

CAMILLE : On voit un peu moins souvent nos amis mais on les voit des weekends entiers sur Paris ou Metz, donc le temps est plus qualitatif.

THOMAS : Ce qui est top c’est : l’espace dans l’appartement très appréciable, pouvoir se déplacer beaucoup à pied sans utiliser les transports en commun. avoir des quartiers assez concentrés.
On est dans le centre ville de Metz, on a l’impression de tout avoir à moins de 10minutes, alors qu’à Paris on avait parfois beaucoup de trajet pour aller au magasin voulu.

C’est plus calme aussi. Lorsqu’on veut faire 10km en voiture, on sait qu’on va mettre 10min, il n’y a pas d’embouteillages. Les zones commerciales sont plutôt à l’extérieur de la ville, mais on y est en 10 minutes malgré tout.
A contrario, le choix d’habiter dans le plein centre qui est un quartier piéton, nous donne des difficultés pour se garer à proximité immédiate de chez nous.

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Un point négatif qui peut surprendre au départ, ce sont les horaires d’ouverture des commerces : fermeture à 19h en semaine et le samedi, et tout le dimanche. Il faut penser à s’organiser en fonction : si on rentre chez soi à 19h30 un samedi, il faut avoir de quoi manger jusqu’à lundi matin :)

On a le sentiment que le dimanche est un vrai jour de repos, la ville est vide contrairement à Paris (même si cela dépend des quartiers à Paris). Quelques commerces sont ouverts jusqu’à 13h mais très peu.

Parlez nous un peu de Metz et de la Lorraine ?

Une ville au carrefour de régions très différentes

THOMAS : Metz est très peu connue, souvent décriée, souvent mal aimée :) C’est pourtant une jolie ville, à 1H des Vosges, pour voir un peu de montagne et faire de belles balades même si on n’y skie pas vraiment. La proximité avec l’Allemagne est très sympa aussi, pour la culture, la fête de la bière ou les marchés de noël … pour faire des courses aussi car la vie y est moins chère.

Les villes à la frontière allemande n’ont rien à envier à Strasbourg pour les marchés de noël qui y sont plus petits et plus authentiques. On trouve pas mal de vin en Alsace qui est très proche de Metz, notamment pour la fête des vendanges. C’est une région très agricole. On y trouve beaucoup de fêtes traditionnelles avec un esprit village bon enfant autour de cette thématique : la fête de l’asperge, de la mirabelle ou encore des fraises.

Le Luxembourg est très proche, pas mal de gens y travaillent, de même qu’en Belgique. La Lorraine fut très industrielle et se reconstruit en ce moment. Elle a encore un peu de mal à trouver sa place entre l’Alsace, l’Allemagne, la Champagne qui ont toutes une identité très forte. Malgré tout c’est assez dynamique et peuplé. On y trouve quelques belles entreprises, quelques trésors cachés surtout historiques (issus de la guerre : la ligne maginot, …).

Une région très verte et sportive

THOMAS : La Lorraine comporte beaucoup d’espaces verts et de forêts où faire de la marche. Il y a la Moselle, un fleuve, qui passe dans le centre ville de Metz. C’est aussi une région très sportive : beaucoup de foot, de handball (Metz est championne de France de handball depuis une décennie) et très humaine :)

Le climat est assez proche du climat parisien, peut être un peu plus continental (plus chaud en été et plus froid en hiver).

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Une région culturelle et dynamique

THOMAS : Culturellement Metz est très dynamique. L’offre est moins large qu’à Paris mais très compacte : 1 salle de spectacle, l’arsenal, avec un programme riche et varié (pas différents endroits où regarder), un très grand musée, le centre pompidou qui change d’exposition très souvent.
A Paris il y a énormément d’offre mais on se rend compte qu’on n’en profitait pas plus que ça. En semaine on rentrait beaucoup plus tard donc on ne sortait pas et le weekend on ne le passait pas tout le temps dans les musées, expositions et théâtres.

Pour l’offre culinaire, on n’a pas encore beaucoup exploré Metz. Elle a l’air moins variée mais tout est plus proche. Il y a des restaurants modernes, très peu de cuisines exotiques du type asiatique, indienne, thaïlandaise .. Le dimanche il y a quelques brunch ouverts, mais très peu, ça démarre tout juste.

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Quelques spécialités culinaires locales ? Eh bien, la quiche lorraine et paté lorrain :) mais également un renouveau de petits brasseurs et de micro brasseries qui tournent bien.

Un conseil aux parisiens ?

THOMAS : Paris attire par son offre culturelle très riche, mais il ne faut pas penser qu’en province on ne peut pas trouver une offre culturelle qui nous suffise. On trouve de tout en quantité un peu plus réduite mais on arrive à retrouver un cadre de vie plus serein, plus calme. Il ne faut pas avoir peur de se lancer. Après c’est un projet qui se prépare et demande du temps. C’est bien d’avoir un projet professionnel pour au moins l’un des deux du couple.

Pour le choix de la région, j’ai des racines fortes ici donc cela avait du sens pour nous de venir à Metz. Mais cela ne veut pas dire que choisir une région au feeling n’est pas une bonne raison.

CAMILLE : Je pense qu’il est important de commencer à se tisser un réseau, surtout pour les gens qui comme moi ne connaissent personne en arrivant.
Par exemple à Metz, il y a un espace de coworking « le poulailler » qui me parait aussi un lieu sympa pour rencontrer des gens dans le même état d’esprit, pour les indépendants par exemple ou ceux qui sont en télétravail.