Laurianne a quitté Paris pour Rennes afin de pouvoir développer sa marque de prêt-à-porter. Elle nous raconte son parcours, et comment elle est passée par différentes villes avant de poser définitivement ses valises dans un petit village normand. Merci Laurianne d’avoir partagé ton histoire !

Des origines en Bourgogne, venue à Paris pour les études

quitter paris pour rennes LAURIANNE : Je suis originaire du nord de la Bourgogne, j’ai toujours passé du temps à Paris, les week-ends. Mais je m’y suis installée en 2002 lorsque j’ai commencé mes études d’Arts Plastiques et de Philosophie à l’Université. J’avais un minuscule studio dans le 15ème arrondissement, pas loin de la fac. Pas de chance, pendant toute la durée de mes études la fac a déménagé en banlieue à plus de 30 minutes de RER.

La nécessité du départ face aux prix immobiliers et à l’envie d’entreprendre

LAURIANNE : Dans un premier temps je n’ai pas vraiment souhaité partir de Paris mais je me retrouvais face à une réalité : le prix exorbitant des loyers. Mes études étant terminées je devais changer d’appartement et voler de mes propres ailes.

Pendant mes études j’ai développé ma marque de prêt-à-porter, L’Usine à Bulle que je diffusais via internet. Si je voulais continuer sur ma lancée je ne pouvais pas mettre autant d’argent dans un loyer. J’ai donc pensé à la province.

Comment avez-vous choisi Rennes ?

LAURIANNE : J’ai fait la liste des villes qui me plaisaient et où j’avais au moins un(e) ami(e). Ayant énormément voyagé en train durant ma jeunesse j’ai pu sentir les ambiances des quatre coins de la France. Mon projet professionnel me permettait de travailler n’importe où (tant que j’avais une connexion internet). Mes critères étaient simples, il fallait que ce soit une ville et que l’accès à Paris soit rapide en train (pour pouvoir revenir faire mes expo-ventes de créateurs). Mon choix s’est porté sur Marseille dans un premier temps puis Rennes.

J’ai opté pour Rennes car une amie allait y finir ses études et il était question de vivre dans une grande maison en colocation. L’idée me plaisait d’autant plus que j’allais pouvoir faire une transition dans l’inconnu en douceur grâce aux autres colocataires. Puis Rennes m’avait déjà émerveillée lors d’un visite quelques années plus tôt !

Qu’est ce qui va vous manquer de Paris ?

LAURIANNE : En partant de Paris je laissais toutes mes bonnes adresses, là où je trouvais tout ce dont j’avais besoin à bon prix. Je pense notamment aux tissus, aux merceries… indispensables pour confectionner les vêtements de ma marque. Je me sentais perdue à l’idée de ne plus y avoir accès. A l’époque on n’avait pas encore le réflexe internet, qui n’était d’ailleurs pas aussi vaste qu’aujourd’hui. Il n’existait que très peu de boutiques en ligne de fournitures de couture.

Une chose que je laissais aussi était l’accès à la culture. Ayant étudié l’Art je passais mon temps dans les musées et les expos. Je savais qu’en partant de Paris je perdais malheureusement toutes ces opportunités.

Un déménagement facile pour une nouvelle aventure

LAURIANNE : Déménager fut assez simple pour moi car j’avais un minuscule appartement loué meublé. Je n’avais que mes objets à vider et à transférer dans une chambre de la colocation. Tout tenait dans une voiture. La colocation était déjà équipée pour les parties communes. De mon côté j’ai dormi pendant des mois sur un matelas gonflable.

J’étais dans un état d’esprit hyper joyeux. C’était l’aventure, une nouvelle vie qui commençait ! Et je savais que je pouvais revenir sur Paris régulièrement, très facilement. Pour moi il n’était pas encore question de rompre totalement avec cette ville.

Où en êtes-vous aujourd’hui ?

LAURIANNE : Depuis mon départ de Paris j’ai beaucoup déménagé. Petit à petit, je suis allée de plus en plus loin dans ma démarche. Je suis passée de la capitale à la campagne profonde. Aujourd’hui, je vis dans une ferme en Normandie.

Je ne suis restée que 6 mois à Rennes puis je suis tombée amoureuse de Caen où je suis réellement tombée amoureuse. Nous avons vécu dans une maison en bord de mer à quelques minutes de la ville. Puis nous avons loué une ancienne ferme dans la campagne pour finir par acheter notre maison actuelle, une ferme aussi.

Comment s’est passée l’intégration ?

Tout s’est fait en douceur et sur le long terme. L’intégration a donc été facile. Où que nous allions nous connaissions toujours une personne qui nous présentait à une autre, etc. Les Normands sont assez cools je trouve ! Puis les passions aident à créer des liens : la création, la couture, le jardinage, le sport, les vide-greniers …

Qu’est ce qui est difficile aujourd’hui ?

Aujourd’hui ce qui me manque c’est la proximité avec la ville et l’obligation de toujours me déplacer en voiture. Mais c’est aussi pour cet isolement que nous avons choisi notre maison !

J’aime le calme, la nature, le silence. Vivre ici me plaît énormément. Je consomme aussi différemment. Mais la culture me manque beaucoup… énormément même !

Si vous nous parliez de votre nouvel environnement ?

LAURIANNE : Je vis dans un minuscule village perdu dans les vallons du Bocage Normand. De ma maison, je vois les prairies et les vaches. On n’entend que le chant des oiseaux. Mais il suffit de rouler 5 minutes pour avoir accès à de très grandes voies rapides qui peuvent me mener à Caen, à Saint-Lô ou à Rennes. J’aime ce contraste !

Je sors beaucoup moins qu’avant dans les bars ou les restos. Les moments entre amis se font surtout chez les uns ou les autres. Il y a peu d’événements à proximité mais si on roule quelques kilomètres il y a toujours quelque chose à fêter.

Etant à un point stratégique je peux me rendre en train à Paris en moins de 3h. Je peux aller à la mer en moins d’une heure. J’ai même le choix entre deux côtes !

Une vie plus tournée vers la nature

En vivant ici je suis devenue plus dégourdie qu’en vivant en ville. Je pense notamment à mon rapport à la nature et aux animaux. Je suis devenue bricoleuse. Je cours à travers champs avec mon chien tous les deux jours, le bonheur ! Je cuisine beaucoup plus. On cultive nos légumes et nos poules nous fournissent de bons œufs frais… Je crois que je prends vraiment plus le temps de faire les choses.

Aujourd’hui avec mes deux fillettes de 4 et 3 ans, vivre à la campagne est un luxe au quotidien. Notre immense jardin leur permet de s’épanouir sans contrainte et nous, nous avons du temps pour nous.

D’autres choses à ajouter ?

LAURIANNE : Si je peux donner un conseil aux parisiens c’est de se jeter à l’eau et d’écouter ses envies. Cependant ayant des enfants aujourd’hui, si je devais quitter Paris demain je réfléchirais beaucoup plus à mon départ pour choisir le bon endroit tout de suite car je ne m’imaginerais pas déménager tous les 6 mois comme je l’ai fait au début avec des petits maintenant.

Avant de prendre une décision on fait souvent des listes et on met souvent le doigt sur tout ce qui va nous manquer (souvent des choses liées à notre société de consommation d’ailleurs) mais il y a tellement à gagner en quittant Paris. Puis rien n’empêche de venir lui rendre visite de temps en temps. Et vous verrez, vous sourirez beaucoup plus en la regardant avec un œil neuf !

Merci Laurianne pour cette belle histoire ! Pour en savoir plus sur le départ de Paris pour la Normandie, nous avions aussi interrogé Valérie qui est partie vivre près de Deauville.

Crédits Photo : Lauriannne
(sauf en-tête : Saint-Hélier depuis le quai de Richemont – Lektz (Own work) [CC BY-SA 4.0])