Dernière mise à jour le 6 novembre 2025

Dans l’imaginaire collectif, vivre à la campagne rime souvent avec vie plus verte, plus simple, plus respectueuse de l’environnement. Des légumes du jardin, un compost, des poules, moins de pollution… L’image est séduisante. Mais est-elle vraiment fidèle à la réalité ?  Car si la nature est plus présente à la campagne, cela ne veut pas dire que notre empreinte écologique y est automatiquement plus faible.

Nature = écologie, un cliché tenace ou un début de réalité ?

En ville, moins d’espace… mais plus d’efficacité

En milieu urbain dense, beaucoup de comportements sobres sont facilités : pas besoin de voiture, transports en commun accessibles, services à proximité, logements plus petits et mieux isolés, mutualisation des ressources. Résultat : l’empreinte carbone moyenne d’un habitant d’un centre-ville est souvent bien plus basse que celle d’un habitant périurbain ou rural.

C’est ce que souligne Vincent Viguié, chercheur en économie du climat au CIRED : « Aujourd’hui en France, les émissions directes de gaz à effet de serre sont bien plus faibles dans les centres-villes que dans les zones rurales. »

On vit dans des logements plus petits, les trajets quotidiens sont courts et souvent réalisés à pied, à vélo ou en métro. Un citadin émet ainsi deux fois moins de CO2 pour se déplacer qu’un habitant de zone rurale.

Et au-delà de la structure urbaine, la ville regorge d’initiatives collectives facilitant un mode de vie écologique : AMAP, composteurs partagés, ressourceries, friperies, coopératives alimentaires…

À la campagne, plus d’espace… mais plus de dépendances

Quitter la ville, c’est aussi s’éloigner de certaines facilités. À la campagne, les distances sont plus longues, la voiture devient quasi indispensable, et les logements sont plus grands et plus énergivores.
Résultat : les émissions liées aux déplacements explosent, surtout en l’absence de transports alternatifs viables.

Mais la campagne peut aussi offrir des leviers concrets de transition : un terrain pour jardiner, la possibilité d’installer des panneaux solaires, des logements individuels à rénover, l’accès à une alimentation locale de qualité, et (surtout ?) moins de consommation.

Pour celles et ceux qui sont prêts à s’organiser autrement, vivre à la campagne avec une faible empreinte carbone, c’est possible. Mais cela suppose une logistique solide, du temps, des ressources, et une cohérence dans les choix de consommation.

Ce qui compte vraiment : le mode de vie, pas seulement le lieu

L’empreinte écologique d’un foyer dépend moins de son adresse que de ses choix de consommation, de mobilité, d’énergie, d’alimentation. Un citadin sans voiture, végétarien, vivant dans un petit appartement bien isolé peut avoir une empreinte bien plus faible qu’un rural motorisé, mangeant de la viande tous les jours et chauffant une grande maison au fioul.

Autrement dit : on ne vit pas plus écolo « par défaut » en partant vivre à la campagne. Mais on peut le devenir si le déménagement s’inscrit dans une vraie réflexion globale sur ses pratiques de vie.

Comme le rappelle Vincent Viguié : « Vivre dans une maison isolée dans les bois ne permet d’avoir une empreinte carbone faible qu’au prix d’une autosuffisance extrêmement difficile à réaliser en pratique. »

Les vrais leviers de changement

Si votre objectif est de vivre plus écologiquement, mieux vaut raisonner en termes d’actions concrètes plutôt qu’en termes de localisation. Avoir un potager, installer un poêle à bois performant, mutualiser une voiture, consommer local, réduire ses déchets, isoler son logement, limiter les déplacements… Tous ces gestes peuvent être mis en place en ville comme à la campagne, à des échelles différentes.

Là où le changement de cadre peut faire la différence, c’est dans le rythme de vie. Certains trouvent plus facile de ralentir, de moins consommer, d’avoir du temps pour cuisiner ou réparer, en s’éloignant de l’hyperstimulation urbaine. D’autres s’épanouissent dans les mobilisations écologistes urbaines ou les coopératives de quartier.

En résumé : ce n’est pas la géographie qui fait l’écologie

Vivre plus écolo ne passe pas forcément par un déménagement. Ce qui compte, c’est le mode de vie que l’on adopte, là où l’on est. Quitter la ville peut être une opportunité de transformer son quotidien, mais ce n’est pas une garantie.

Avant de faire ses cartons, mieux vaut se poser les bonnes questions : suis-je prêt à adopter un mode de vie sobre ? Est-ce que je peux me passer de voiture ? Ai-je accès à des alternatives locales ? Mon futur logement sera-t-il peu énergivore ? Suis-je prêt à créer des liens sociaux et un écosystème coopératif là où je vais ?

Et si vous décidez de changer de cadre, autant le faire en conscience, en choisissant un territoire qui vous ressemble, avec des relais locaux, des projets collectifs, et une vraie capacité à vous y engager.

Et pour plus de lectures inspirantes :

 

 

sources :

https://bonpote.com/faut-il-vivre-en-ville-ou-a-la-campagne-pour-etre-ecolo/

https://theconversation.com/quitter-la-ville-pour-vivre-plus-ecolo-cest-possible-mais-plus-complique-quon-ne-le-pens

https://deklic.eco/ville-ou-campagne-avantages-inconvenients/