Dernière mise à jour le 19 décembre 2025
Quand on s’installe dans une nouvelle région, on découvre vite que dire bonjour ne se résume pas à une formule universelle.
Entre la bise, la poignée de main, le signe de tête ou le simple « bonjour », les usages varient fortement selon les territoires. Ces différences, souvent invisibles quand on a toujours vécu au même endroit, deviennent très concrètes dès que l’on change de ville ou de région.
Comprendre ces codes, ce n’est pas devenir expert en savoir-vivre. C’est surtout éviter les petits malaises du quotidien… et faciliter les premiers liens avec ses voisins, ses collègues ou ses futurs amis.
En France, on ne se salue pas partout de la même façon
La bise : un usage très régionalisé
Contrairement à une idée répandue, la bise n’est ni uniforme ni automatique en France.
Le nombre de bises, leur fréquence, mais aussi le sens dans lequel on commence varient selon les territoires
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1 bise : très répandue en Bretagne, dans le Finistère, une partie de la Normandie et du Sud-Ouest
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2 bises : la norme la plus courante, notamment en Île-de-France, dans l’Ouest et le Centre
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3 bises : fréquentes en Provence et dans le Sud-Est, autour de Marseille et du Vaucluse
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4 bises : plus rares, mais encore présentes dans certaines zones du Nord et de la Picardie
Ce que cela dit des territoires
Ces différences ne sont pas anecdotiques. Elles reflètent souvent :
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un rapport plus ou moins démonstratif au contact physique,
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des habitudes culturelles anciennes,
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une frontière implicite entre sphère privée et relations sociales.
Quand on arrive dans une région, ces codes peuvent surprendre. Mais ils ne sont jamais figés : ils évoluent avec les générations, les contextes professionnels et les usages récents.
La bise : un usage régional… jusque dans le sens du geste
D’après les enquêtes linguistiques :
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Dans le Sud-Est et l’Est, on tend majoritairement la joue gauche en premier.
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Dans l’Ouest et le Nord, c’est plutôt la joue droite.
Deux exceptions notables ressortent toutefois :
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la Suisse romande, qui se distingue du reste de l’Est,
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la Haute-Normandie, qui fait figure d’îlot à l’Ouest.
Fait intéressant : cette répartition ne correspond à aucune autre frontière culturelle clairement identifiée. Autrement dit, le sens de la bise reste largement inexpliqué, même pour les linguistes.
(Sources : Français de nos régions, 2016 ; Le Point, 2019)
Bonjour, bise ou autre chose : des usages qui dépendent aussi du contexte
Dans le Sud et le Sud-Est : la bise comme réflexe social
Dans de nombreuses villes du Sud, la bise reste courante entre voisins, connaissances et collègues, surtout hors cadre très formel.
Elle s’accompagne souvent d’un échange bref, parfois chaleureux, même entre personnes qui se connaissent peu.
Cela ne signifie pas une proximité immédiate, mais plutôt une forme de convivialité locale.
Dans l’Ouest et le Nord : le salut verbal avant tout
En Bretagne, en Normandie ou dans le Nord, le bonjour est très présent, mais la bise reste plus codifiée.
On la réserve généralement aux cercles déjà constitués : amis, famille, relations installées.
Avec les voisins ou les commerçants, un bonjour franc et un échange rapide suffisent largement.
Dans l’Est et certaines zones rurales : retenue et régularité
Dans l’Est de la France ou dans certaines communes rurales, le contact physique est parfois plus rare.
Le salut repose davantage sur la constance : dire bonjour chaque jour, prendre des nouvelles, s’inscrire dans la durée.
Ici, la relation se construit moins dans le geste que dans la répétition.
Quand on arrive dans une nouvelle région : comment éviter les maladresses
Observer avant d’imiter
C’est souvent le conseil le plus simple et le plus efficace.
Avant de faire la bise ou d’engager un geste, on observe :
qui salue qui, comment, et dans quel contexte.
En quelques jours, les codes locaux deviennent lisibles.
Le bonjour verbal, valeur sûre partout
Dans toutes les régions, le bonjour reste la base commune.
Un regard, un sourire, un « bonjour » clair suffisent presque toujours.
C’est le point d’ancrage le plus sûr, quel que soit le territoire.
Accepter que les codes évoluent
Depuis la crise sanitaire, les usages ont changé.
Même dans les régions historiquement très « bise », de nouvelles formes se sont installées :
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salut de la main,
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phrase chaleureuse sans contact,
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distance assumée.
Ces évolutions sont globalement bien acceptées. Il n’existe plus une seule bonne manière de faire !
Lexique : comment on dit “la bise” selon les régions
La manière de nommer l’action de se faire la bise varie aussi selon les territoires.
Ces expressions viennent souvent des dialectes régionaux parlés jusqu’au début du XXe siècle.
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Faire la bise / se faire la bise
La forme la plus répandue aujourd’hui, comprise partout. -
Se biser / biser
Terme ancien, encore utilisé dans le Centre-Ouest, parfois sous la forme biger. -
Faire une baisse (Picardie)
Ici, le mot renvoie au baiser au sens ancien, sans connotation sexuelle. -
Se boujouter (Normandie)
Issu de boujou, forme dialectale de bonjour. -
Se faire un schmoutz (Est de la France)
Mot d’origine allemande signifiant bisou, à l’origine de l’anglais smack.
Dire bonjour en France, c’est entrer dans une géographie sociale faite de nuances, d’habitudes locales et d’ajustements progressifs.
Quand on change de région, ces petits décalages sont normaux. Ils font partie de l’apprentissage du territoire.
Observer, s’adapter, rester simple : ce sont souvent ces gestes discrets qui permettent de se sentir chez soi, bien avant d’avoir tout compris du lieu où l’on s’installe.
Mini FAQ : Dire bonjour et faire la bise aujourd’hui
La bise est-elle encore d’actualité en France ?
Oui, mais elle n’est plus automatique. Depuis le Covid, beaucoup de Français privilégient un bonjour verbal ou un geste sans contact, surtout avec des personnes peu connues.
Peut-on refuser la bise sans passer pour impoli ?
Oui. Aujourd’hui, refuser la bise est largement accepté. La majorité des gens y voient un choix personnel, pas un manque de politesse.
Comment éviter la bise simplement ?
Un sourire, un bonjour clair et un geste de la main suffisent souvent. Tendre la main ou rester légèrement à distance permet aussi d’éviter toute ambiguïté.
Faut-il se justifier quand on ne fait pas la bise ?
Non. Une attitude naturelle est généralement suffisante. Les explications ne sont ni attendues ni nécessaires.
Les règles sont-elles les mêmes partout en France ?
Non. Les usages varient selon les régions, les contextes et les générations. Mais partout, le bonjour verbal reste la valeur sûre.
Quelle est la meilleure attitude quand on arrive dans une nouvelle région ?
Observer d’abord, s’adapter ensuite. Dire bonjour, regarder comment font les autres, et trouver progressivement sa place dans les codes locaux.
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