Une étude co-réalisée par Paris je te quitte et l’agence Bastille

Les Franciliens veulent toujours quitter l’Ile-de-France, mais leurs projets ont gagné en maturité. Après l’idéalisme post Covid, ils sont toujours aussi décidés, mais désormais moins dans l’urgence, plus attentifs à l’ensemble des aspects de leur future vie, quitte à faire passer d’anciennes priorités comme le télétravail ou l’attachement à leur carrière au second plan. Serions-nous passés d’une logique de fuite à la recherche d’un bonheur raisonné et durable ?

Ce qui ne change pas :

Certaines choses ne changent pas, sans surprise : ils sont toujours aussi nombreux à vouloir partir, cherchent la proximité avec la nature et l’eau, un cadre de vie plus agréable, un logement plus spacieux, un équilibre vie pro-vie perso.

  • 85 % des Franciliens aux envies d’ailleurs veulent toujours quitter l’Ile-de-France à moins de 5 ans.
  • Leur profil : ce sont des actifs qui ont pour 77 % moins de 50 ans, vivent à Paris ou en Île-de-France depuis plus de 10 ans pour 64 % d’entre eux. Bien souvent, ils sont à Paris car ils y ont étudié ou y ont trouvé leur 1ᵉʳ emploi. Ce ne sont donc pas des parisiens pur jus… Mais qui l’est vraiment ? :)
  • Les petites (moins de 10 000 habitants) et moyennes villes (de 10 à 100 000 habitants) sont toujours les destinations les plus recherchées (pour 49 %).
  • Cadre de vie : ils privilégient la proximité de la nature (44 %)  mais aussi avec l’eau (61 %), sous toutes ses formes (mer, océan, lac, rivière).
  • Ils souhaitent un logement plus grand (53 %), un jardin ou un extérieur (45 %), mais… – en prenant conscience de certaines contraintes, voir plus bas.

Franciliens en quête de nature et eau

Ce qui change :

D’autres aspects révèlent une maturité nouvelle dans leur réflexion, une vision plus pragmatique et globale de leur projet de mobilité, quitte à faire certaines concessions qui ne semblaient pas envisageables auparavant, dans le but de trouver le bon équilibre entre qualité de vie et lien social, animation culturelle et proximité de la nature, projets de carrière et vie personnelle, voire en gardant un minimum de proximité perçue avec Paris.

  • Ils imaginent leur projet de mobilité avec moins d’urgence : désormais, 38 % veulent partir dès que possible contre 53 % en 2024 (et en 2020). Ils sont 53 % à envisager un délai de départ plus raisonné, à minimum 1 an.

Notre regard (en toute subjectivité) : entre 2020 et 2024, beaucoup ont vécu un vrai “ras-le-bol” de la vie Parisienne : “il n’y a rien qui va !”. Depuis, certains retours d’expériences ainsi que le succès des Jeux Olympiques ont pu redonner un aspect positif à la vie parisienne en refaisant découvrir des lieux magnifiques, en rassemblant la population, en montrant les côtés positifs de la dimension urbaine, en faisant exploser les transports doux, avec une organisation plutôt bien rodée contrairement à ce que tout le monde pensait. Mine de rien, Paris conserve certains avantages, qui font passer beaucoup d’entre nous de “Paris j’en peux plus c’est fini” à un plus modéré “Paris je t’aime mais ça ne va pas pouvoir durer éternellement”.

  • Si les projets de mobilité étaient auparavant largement plébiscités par les familles franciliennes avec enfants ou jeunes couples, les célibataires font une percée remarquable dans les projets de mobilité. Ils sont 42 % aujourd’hui, ils étaient 23 % en août 2021, dans notre précédente étude. Gagner en bien-être au quotidien est désormais une réflexion qui dépasse largement la situation familiale.
  • Même si les petites et moyennes villes sont les plus recherchées, les franciliens ne veulent pas “abandonner” l’émulation de la ville. Ils veulent pour la plupart (53 %)  vivre à proximité d’un centre-ville, avoir accès à toutes les commodités (à pied dans l’idéal), avoir une vie sociale bien remplie : sortir au restaurant, dans des bars, au théâtre (34 %). Pas d’isolement ! La présence d’une gare TGV (73 %)  ou d’une grande agglomération à moins de 30 min (48 %) devient incontournable. Peu importe le cadre de vie exceptionnel, cela ne se fera pas sans la possibilité de bouger (avec la possibilité de se déplacer en transports en commun ou à vélo pour 55 % et 50 % d’entre eux) et de créer du lien, pour 45 %.

Notre regard (en toute subjectivité) : Les pôles urbains regagnent en quelque sorte leurs lettres de noblesse, car chacun prend conscience des garanties qu’ils apportent : lien social, culture, opportunités économiques… Il ne s’agit pas nécessairement d’y habiter (quitter la ville pour la ville), mais plutôt de rester à proximité.

Le fait – remarquable – que les célibataires soient plus nombreux à vouloir quitter Paris a un impact sur les critères de choix de destination. En effet, en étant seul, on a encore plus peur de se sentir isolé. Ce qui explique la montée en puissance de la proximité avec une ville “qui bouge”, avec un accès direct à toutes les commodités, une vie sociale riche et simple.

  • Ils ont besoin de vivre dans un territoire dans lequel ils vont pouvoir s’épanouir pour 50 % d’entre eux, en phase avec leurs valeurs mais où ils pourront aussi – et surtout – avoir un impact tangible, qui a tendance à s’estomper dans les grandes métropoles, qui plus est à Paris. La recherche du territoire où l’on se sent bien passe alors donc beaucoup par sa dimension, par le lien social (pour 45 %), l’implication dans le dynamisme du territoire et le développement de projets.

Notre regard (en toute subjectivité) : à Paris, on est comme une fourmi dans une fourmilière. C’est excitant quand on démarre dans la vie, avec une insatiable soif de découvertes. Mais lorsqu’on avance, qu’on a lancé sa carrière, posé les bases de sa vie, les priorités changent.  Cette découverte peut devenir… un anonymat. Difficile quand on recherche du sens. Il est beaucoup plus difficile de sentir qu’on a de l’impact dans une grande ville que dans une petite, et les besoins sont aussi moins importants, lisibles, évidents. Les “petits” territoires ont besoin d’utilité, des forces vives, et peuvent accorder une vraie attention à accueillir et accompagner les nouveaux arrivants. De quoi faire sens et laisser une trace !

Quitter Paris entre amis

  • Dans sa dimension la plus économique et professionnelle, le projet de mobilité type a beaucoup évolué pour devenir plus réfléchi et objectif. La fin d’un certain idéalisme, mais surtout le retour d’une prise de recul déterminante pour assurer le succès dans la durée de chaque projet.

Quelques exemples :

  • Côté travail, la quête d’équilibre et de bien-être passe désormais par l’humain, les relations avec ses collègues et ses managers (critère indispensable pour 27 %). Autre exemple, le télétravail n’est plus un critère tant recherché (12 %), au profit de “vraies” relations de travail, ce qui induit donc plutôt un emploi à proximité, quitte à ne plus suivre un plan de carrière centré sur Paris (avec les concessions financières que cela implique).
  • Côté logement, s’ils recherchent plus d’espace, c’est pour un budget équivalent à celui de Paris (39 %), là où auparavant, beaucoup cherchaient plus d’espace ET un loyer plus faible (20 % aujourd’hui). Une recherche réaliste et moins fantasmée.

Notre regard (en toute subjectivité) : si après le Covid, une certaine logique de “fuite” a pu prédominer, occultant des aspects importants d’un projet de vie, la raison semble s’être installée durablement. Probablement un mélange de retours d’expériences, de prise de recul sur les situations de crise (qui ne manquent pas). Le télétravail était par exemple plutôt perçu comme une solution pour quitter Paris rapidement. Il est aujourd’hui beaucoup moins mentionné. Les projets sont moins dans l’urgence, il y a donc moins besoin de cette “solution de facilité”. La recherche de bien-être au travail va désormais de pair avec le besoin de créer du lien, et d’éviter un certain isolement.

En résumé, ce qui semble compter désormais n’est plus seulement le fait de déménager, mais d’assurer le succès de son projet dans la durée.

D’une logique de fuite… à la recherche d’un bonheur raisonné et durable.

 

Cette étude a été réalisée du 25 novembre au 27 décembre 2024 par le biais d’un questionnaire en ligne auto-administré auprès d’un échantillon de 864 personnes.  L’échantillon, issu principalement de la communauté Paris je te quitte, a été redressé pour être au plus proche de la population Ile-de-France.