Comment une jeune médecin citadine tout juste diplômée en est venue à devenir médecin généraliste dans l’Ariège ? Dans ce nouveau portrait, nous vous proposons de découvrir le parcours étonnant de Claire. Après avoir surmonté de nombreux défis, elle a su pleinement trouver sa place en Ariège en tant que médecin généraliste et s’investir dans des projets collectifs plein de sens. Un récit qui fera écho, elle l’espère, à bon nombre d’entre vous !

12 ans à Paris et 17 ans à Bruxelles

Claire a passé les douze premières années de sa vie dans la capitale avant de s’installer à Bruxelles avec sa famille. Son attachement pour la capitale belge l’a naturellement conduite à y poursuivre ses études de médecine. Après avoir obtenu son diplôme de médecine générale, elle a fait le choix d’exercer sa profession en tant qu’indépendante. Mais très vite, des envies d’ailleurs se sont fait ressentir comme en témoigne la médecin : « même si j’ai adoré vivre à Bruxelles, je sentais que je n’étais pas faite pour la vie en ville. Très vite, je me suis imaginée vivre dans des contrées plus sauvages, plus près de la nature ».

La découverte et le coup de coeur pour l’Ariège

Comme Claire se plaît à le dire : « en Ariège, on n’arrive jamais vraiment par hasard ». Et, c’est l’installation de sa tante, près du village de Pailhes qui va progressivement résonner en elle : « il y a un peu moins de 10 ans, ma tante a acheté un terrain dans l’Ariège pour en faire un habitat groupé. J’ai eu l’occasion d’y passer quelques jours pendant mes études, puis plusieurs semaines quand j’ai exercé en indépendante. À chaque fois, je n’avais pas envie de repartir… »

Pour Claire, chaque retour à Bruxelles devient de plus en plus difficile à supporter : « il m’a fallu trois ans pour prendre la décision de partir. J’ai rencontré mon compagnon, originaire de l’Ardèche, qui partage avec moi un amour profond pour la nature. Le cadre de vie ne me plaisait plus, même l’idée de retrouver mes proches ne suffisait plus à me satisfaire. Je peinais à m’investir dans mon travail, il fallait que je parte. » Finalement, c’est la pandémie de la COVID-19 qui agit comme un véritable déclic pour la jeune femme.

Il y a deux ans, Claire prend donc la décision de rejoindre sa tante dans l’Ariège. Une expérience de quelques mois, qui est finalement devenue définitive. Avec sa cousine ex-Parisienne, elles décident d’emménager toutes les deux en colocation dans une maison à Lescure, près de Saint-Girons. Le début d’une nouvelle aventure.

Devenir Médecin généraliste dans l'Ariège

Les routes de l’Ariège
©Ludivine Rizzo

Devenir médecin généraliste dans l’Ariège

Très rapidement, Claire se trouve confrontée à un défi de taille : faire reconnaître son statut de médecin en France, en étant diplômée d’une école belge. « J’ai dû déployer beaucoup d’efforts pour pouvoir exercer à nouveau. Je n’étais pas familière avec le cadre administratif français, je ne savais même pas vers qui me tourner pour obtenir de l’aide. Ce fut une période assez éprouvante, mais heureusement, mes efforts ont fini par porter leurs fruits. », témoigne Claire.

Dans son parcours, la néo-Ariégeoise a l’occasion d’échanger avec deux médecins du Centre Hospitalier Intercommunal des Vallées d’Ariège (CHIVA) qui la mettent en contact avec la Direction de l’établissement : « j’ai pu entamer une équivalence et commencer à travailler en tant que médecin généraliste au sein de l’hôpital. C’était une occasion en or car la direction de l’hôpital est très à l’écoute et toute l’équipe est formidable. Bien que ce soit un établissement de proximité, les installations sont récentes et les opportunités de grande qualité. Je suis extrêmement heureuse d’avoir repris la pratique de la médecine et de poursuivre ma carrière ici, en Ariège. »

Dans l’Ariège, une autre pratique de la médecine

En rejoignant l’équipe du CHIVA, Claire découvre les domaines de l’hospitalisation à domicile et des soins palliatifs, pour lesquels elle se forme grâce à un Diplôme Universitaire de Soins Palliatifs (DUSP).

Aujourd’hui, son quotidien est radicalement différent de ce qu’elle connaissait dans la capitale belge : « nous sommes trois médecins dans ce service et nous jouissons d’une grande autonomie. Nous nous rendons directement chez les patients pour leur offrir des soins hospitaliers à domicile. J’apprécie cet aspect de notre métier : entrer dans la vie des gens, être présente aux côtés de leur famille. En tant que médecin, notre position est totalement différente. C’est un métier extrêmement enrichissant où l’humain occupe une place prépondérante. »

Claire apprécie également la collaboration avec ses collègues : « nous soutenons les patients ainsi que l’ensemble du système de santé. Nous travaillons en coordination avec les médecins traitants et les infirmiers, par exemple. C’est un véritable bonheur d’exercer dans de telles conditions. »

L’hospitalisation à domicile implique de nombreux déplacements en voiture. Un aspect du métier que Claire accueille également avec enthousiasme : « grâce à cette profession, je parcours les routes de l’Ariège tout au long de la journée. Cela me permet d’admirer chaque jour les richesses de notre territoire. En général, pour une visite, nous avons souvent entre 40 et 60 minutes de route et nous rendons visite à 1 à 3 patients par jour. On gère totalement notre emploi du temps, ce qui nous permet de prendre le temps. Personnellement, je reste rarement moins de 45 minutes avec un patient. C’est un confort et une qualité de travail que je n’avais jamais connu ailleurs. »

Devenir Médecin généraliste dans l'Ariège

Claire, sur le chemin du travail cet hiver

Projet(s) de vie

Vivre dans un lieu pas comme les autres

Bien que la jeune médecin généraliste dans l’Ariège ait un emploi du temps bien chargé, elle sait aussi profiter de son temps libre, bien différemment d’avant : « cet hiver, j’ai consacré beaucoup de mes week-ends au ski. Ici, l’escalade se pratique en falaise, loin des salles d’escalade de Belgique. Je suis également passionnée d’équitation et j’ai pu renouer avec cette pratique. » En plus de ses hobbies, Claire participe à de nombreux projets collectifs sur le territoire. Aux côtés de neuf autres personnes, elle a acquis une ferme et un immense hangar de 4 000 m2 pour créer un lieu hybride mêlant culture, agriculture et artisanat. Outre le fait d’y vivre toute l’année, le groupe a pour ambition de relancer la fromagerie et d’accueillir des ateliers d’artisans.

Installée près de la Bastide-de-Sérou, à proximité de Foix, Claire envisage de s’installer définitivement dans ce lieu hybride dès cet été, rejoignant ainsi son compagnon, architecte passionné par le travail du bois, de la terre et de la paille. Celui-ci a d’ailleurs choisi de se lancer en tant qu’auto-entrepreneur dans la réalisation de petites habitations écologiques telles que des roulottes, des tiny houses ou des maisons en terre-paille.

L’Ariège, terre d’initatives

Ouvrir un centre de santé en milieu rural

Et les projets de Claire ne s’arrêtent pas là. Elle s’est engagée dans la création d’un centre de santé en collaboration avec d’autres professionnels : « j’ai rejoint le projet initié par deux orthophonistes, accompagnée d’une naturopathe et d’une secrétaire médicale. Notre objectif est de créer un lieu de santé polyvalent où l’on considère la santé dans sa globalité. Dans ce centre, nous souhaitons proposer des soins conventionnés avec des professionnels salariés, tout en offrant un espace de vie qui nous permettra de développer des projets de prévention, des ateliers et une réflexion globale sur la santé. »

Un choix de structure réfléchi : « nous avons notamment opté pour le modèle de centre de santé afin de faciliter le travail des soignants. Cela leur permet de travailler en équipe et d’éviter l’isolement que l’on peut rencontrer en exerçant en libéral dans une zone rurale. Cela permet de rester ouvert et de ne pas succomber au confort des habitudes, tout en étant débordé par les tâches administratives et les demandes. »

Pour monter ce projet, les médecins ont bénéficié du soutien de l’Agence Ariège Attractivité. À l’heure actuelle, elles sont à la recherche d’une commune qui pourrait les accueillir, mais Claire reste optimiste : « Les discussions sont en cours. En général, il y a beaucoup de choses à redire sur l’état de la santé en France, mais l’Ariège est un territoire qui a envie d’avancer. En plus, on rencontre rapidement les bonnes personnes. Ici, celles qui détiennent le ‘pouvoir’, comme les élus locaux ou la direction de l’hôpital, sont ouvertes, disponibles et réceptifs aux propositions. »

L’équipe souhaite ouvrir le centre à l’horizon 2026 et d’ici là, elle est à la recherche d’autres médecins pour rejoindre cette aventure. Avis aux professionnels en manque de grands espaces et d’air pur, souhaitant remettre l’humain au cœur de leur pratique !

Devenir Médecin généraliste dans l'Ariège

L’équipe du projet de santé

Des projets en lien avec l’hôpital

En plus de son emploi à temps plein en tant que médecin généraliste dans l’Ariège, de son projet de tiers-lieu et du futur centre de santé, Claire participe également à de nouveaux projets en santé publique avec l’équipe de l’hôpital : « Comme si ce n’était pas suffisant (rires), nous mettons en place une antenne du CeGIDD (Centre Gratuit d’Information, de Dépistage et de Diagnostic) à Saint-Girons pour le dépistage et le traitement des maladies sexuellement transmissibles. Nous lançons aussi une permanence d’accès aux soins à Lavelanet. L’objectif est d’accueillir toutes les personnes qui n’ont pas accès aux soins en raison de leur grande précarité ou de certaines pathologies. »

Un bilan positif

Depuis deux ans seulement, Claire s’épanouit pleinement dans sa nouvelle vie et ne cache pas son enthousiasme : « C’est véritablement un territoire en plein essor. Même si nous manquons encore de bras, de nombreux internes choisissent de s’installer en Ariège. De plus, nous avons tous un peu le même profil ! On aime s’investir dans des projets, qu’ils soient liés à la santé ou plus largement à la vie locale. »

Enfin, Claire a tenu à souligner un point important : « On ne le mentionne pas souvent, mais l’Ariège est un haut lieu culturel. Il existe une scène artistique remarquable à Foix, notamment avec l’Estive, ainsi que de nombreuses petites scènes indépendantes. Les habitants aiment se rassembler en collectif pour créer et animer leur lieu de vie. Ils s’approprient les choses et les réalisent eux-mêmes, que ce soit dans leur jardin, leur ferme ou leur grange. Ici, il règne une véritable culture du ‘faire’. »

Si l’enthousiasme de Claire vous a donné des envies d’Ariège, sachez que l’hôpital où elle exerce, le CHIVA, recrute des professionnels. Pour découvrir les autres structures en recherche de profils, vous pouvez consulter notre article destiné aux professions médicales dans l’Ariège. Enfin, si comme Claire vous décidé de sauter le pas pour venir vivre et exercer en Ariège, sachez que l’Agence Ariège Attractivité peut vous accompagner ! Découvrez comment ici.

Photo principale : ©ADT Ariège Pyrénées Tourisme
Dossier réalisé en partenariat avec l’Agence Ariège Attractivité