Quitter Paris pour la Creuse, Caroline et Antonin l’ont fait après une réflexion mûrement menée. Sensibles aux enjeux écologiques et désireux d’un mode de vie plus en phase avec leurs convictions, ils ont cherché un territoire où s’ancrer durablement. De leur choix réfléchi à leur intégration locale, ils nous racontent leur parcours et leur découverte d’un quotidien à taille humaine.
Un parcours ancré en Île-de-France
Avant de poser leurs valises en Creuse, Caroline et Antonin menaient une vie urbaine bien remplie à Saint-Quentin-en-Yvelines. Engagés, actifs, entourés d’un large cercle d’amis, ils avaient tissé un véritable réseau, notamment à travers leurs nombreuses implications associatives.
Pour Antonin, l’Île-de-France était un choix assumé, un terrain propice à ses engagements et à son activité professionnelle. Pour Caroline, c’était une étape liée au travail, une parenthèse qui ne devait durer qu’un temps. « Je pensais rester un an ou deux et repartir, et finalement, j’ai rencontré Antonin… Ça a chamboulé tous mes plans. »
Le couple, animé par une forte sensibilité aux enjeux écologiques et sociaux, s’est investi dans plusieurs associations militantes. Leur quotidien était rythmé par ces engagements, bien plus que par la vie parisienne à laquelle ils restaient finalement peu attachés. « On allait très rarement à Paris », confient-ils. Mais malgré leur attachement à cette vie associative, une question a commencé à émerger : et si leur engagement pouvait prendre une autre forme, ailleurs ?
Quitter l’île de France, une décision progressive
Pour Antonin, le constat est sans appel : « Les villes n’évoluent pas face aux enjeux climatiques. L’artificialisation des sols continue de s’étendre, et malgré quelques initiatives, on est davantage dans la communication que dans une réelle prise en compte des problématiques. À moyen terme, cette vie me semblait non seulement insoutenable, mais aussi vouée à l’échec. »
Caroline partage ce sentiment, bien que son regard ait d’abord été différent. « Nous étions convaincus qu’il était possible d’agir à l’échelle urbaine, de faire avancer les choses dans le bon sens. Mais malgré nos luttes et notre engagement, la dynamique allait à l’inverse de nos valeurs. »
Pour le couple, ce départ n’est pas seulement un changement de cadre de vie, mais une véritable prise de position. « Face à l’urgence écologique, il faut repenser la répartition des populations sur le territoire pour limiter l’impact environnemental. » Le déclic ? La construction de la ligne 18, qui devait passer à proximité de chez eux. « C’est un transport en commun, certes, mais dans la manière dont il a été conçu, il a surtout favorisé un étalement urbain rapide et massif sur des terres agricoles très fertiles. » Un symbole, selon eux, du paradoxe de l’aménagement urbain, où les logiques de développement prennent trop souvent le pas sur la préservation des ressources.

Toulx-Sainte-Croix, en Creuse
© Nicolas Neyret
Quitter Paris pour la Creuse, d’une réflexion à une évidence
Ce départ n’a rien d’un coup de tête. Avant de poser leurs valises, Caroline et Antonin ont mené une véritable réflexion stratégique. « On a pris la carte de la France et on a listé les critères essentiels », expliquent-ils. Parmi eux : un niveau de vie accessible, un environnement naturel avec forêts et relief, ainsi qu’un éloignement des centrales nucléaires. Dès le départ, ils écartent le tiers sud de la France, jugé trop chaud pour eux.
Le couple souhaite également s’installer près d’une ville moyenne ou grande pour faciliter l’accès à l’emploi et aux transports en commun. Enfin, le prix du foncier est un élément clé : « Notre projet était d’acheter une maison existante où l’on puisse s’installer immédiatement, sans travaux lourds. Pour eux, l’important est ailleurs : « Retaper une maison n’était pas notre projet de vie. Ce qui nous motive, c’est de découvrir la vie locale et associative et d’y prendre part. »
Sans attaches particulières dans la région, ils s’intéressent pourtant à la Creuse et décident d’y passer des vacances pour mieux l’explorer. Par hasard, leur séjour coïncide avec le week-end immersif, un événement organisé par le Département pour accueillir les nouveaux arrivants. L’occasion parfaite pour confirmer leur ressenti.
Séduits par leur découverte, ils tombent sur des offres immobilières à Bénévent-l’Abbaye, un village qui les convainc définitivement. « On a vu que c’était un village avec des commerces, de la vie, et en même temps, un TER à 5 km permettait de rejoindre Guéret comme Limoges », raconte Caroline. Antonin, lui, est impressionné par l’animation locale : « À Bénévent-l’Abbaye, il y a de la vie toute la journée. Sur un bourg de 750 habitants, c’est incroyable ! » Tout était réuni pour un nouveau départ et leur permettre d’enfin quitter Paris pour la Creuse.

Marché de Guéret
© Nicolas Neyret
S’installer, s’impliquer, s’enraciner
Installés à Bénévent-l’Abbaye, Caroline et Antonin apprécient de ne pas avoir à se rendre quotidiennement dans une grande ville pour accéder aux services essentiels. Leur maison, située au cœur du village, bénéficie d’un terrain et d’un verger, un cadre idéal pour leurs projets futurs.
Côté transports, Antonin se félicite de leur bon fonctionnement : « Ça marche bien en Creuse, je les utilise tous les jours. Si vous êtes du côté de Guéret, La Souterraine ou Bourganeuf, il n’y a aucun souci. » Une facilité de déplacement qui lui a permis de trouver rapidement un emploi dans son domaine, la formation professionnelle. Déjà bien intégré, il a noué des liens avec ses collègues et trouvé un équilibre lui laissant du temps pour un projet qui lui tient à cœur : la culture des champignons. Il expérimente aussi bien en cave qu’en extérieur et teste différentes variétés. « L’objectif premier est de produire pour nous, mais s’il y a de l’excédent, on pourra envisager du troc ou de petites ventes pour rentrer dans nos frais. »
Le couple ne manque pas d’autres projets : un potager, des plantations fruitières et surtout, une immersion progressive dans la vie locale. « En allant acheter des plantes à Châtelus-Malvaleix, on s’est arrêté dans un restaurant et on a croisé un groupe de Creusois d’adoption qui échangent sur Facebook et organisent des rencontres. Maintenant, on est en contact et on viendra au prochain rendez-vous. »

Pierres Jaumâtres
© Nicolas Neyret
Des liens qui se tissent, en Creuse et ailleurs
Contrairement à certains nouveaux arrivants qui viennent avec un projet structurant, Caroline et Antonin n’ont pas l’intention de créer de nouvelles initiatives. « Notre but n’est pas de développer des projets, mais plutôt de découvrir la vie locale et de nous y inclure. On souhaite participer à ce qui existe déjà et être à l’écoute de ce qu’il se passe. »
Depuis leur installation, leurs amis franciliens, d’abord surpris par leur départ, sont nombreux à venir leur rendre visite. « En seulement quelques mois, une dizaine de copains sont déjà passés à la maison. Ils sont intrigués par ce changement de vie et veulent voir comment ça se passe pour nous. Certains se posent des questions et envisagent peut-être un départ similaire. D’autres savent que ce n’est pas pour eux, mais restent curieux. On sent qu’il y a une vraie appétence pour ce genre de parcours. »
Les recommandations pour découvrir la Creuse
Antonin et Caroline, désormais bien installés en Creuse, ont déjà leurs coups de cœur et partagent avec enthousiasme leurs recommandations pour explorer le territoire. Pour Antonin, Aubusson est une étape incontournable pour son patrimoine artistique et ses paysages remarquables. Il conseille tout particulièrement la Cité internationale de la tapisserie un lieu emblématique qui témoigne du savoir-faire local. Mais au-delà du musée, c’est toute la ville qui mérite d’être découverte : « Aubusson est déjà une curiosité en soi, avec une atmosphère unique et de nombreux sites à visiter. »
Côté nature, il recommande les environs de Bénévent-l’Abbaye, où les prairies offrent des panoramas splendides. Pour un décor encore plus spectaculaire, direction Saint-Vaury, ses étangs et ses forêts, qui évoquent les grands espaces canadiens. Pour ceux qui souhaitent s’immerger dans l’histoire de la Creuse, la Maison du patrimoine à Bénévent-l’Abbaye est une excellente porte d’entrée. Un lieu parfait pour comprendre l’histoire du territoire et de ses habitants.

Lac Vassivière
© ADRT23 Services
Les amoureux de la campagne et du monde paysan apprécieront particulièrement La Souterraine, une ville qui conjugue dynamisme et ruralité. « Il y a là-bas une vraie volonté de faire vivre l’agriculture paysanne, avec beaucoup de gens engagés. » Enfin, Antonin a eu un coup de cœur pour Bourganeuf et ses environs, séduits par le charme de la ville et son cadre authentique. Pour les curieux qui souhaiteraient découvrir cette Creuse dont parlent Caroline et Antonin prenez dès à présent contact avec les équipes d’accueil du département qui pourront vous conseiller et vous guider dans la préparation de votre séjour autant que dans votre future installation !
Un dernier mot pour la route
Ce changement de vie a été bien plus qu’un simple déménagement pour Antonin et Caroline. Il s’agit d’une immersion totale, d’une redécouverte du quotidien sous un prisme nouveau. Antonin l’exprime ainsi : « C’est une véritable expérience sensible. Nous avions une certaine connaissance de la ruralité, mais la vivre au quotidien est une toute autre chose. En seulement quelques mois, j’ai déjà pris du recul sur des discours auxquels j’adhérais en ville et qui ne me parlent plus aujourd’hui. » Il insiste également sur un cliché persistant : « On entend souvent dire qu’il n’y a rien à la campagne, mais c’est totalement faux. Il faut le vivre pour s’en rendre compte. »
Si vous envisagez vous aussi de quitter la capitale pour vous installer dans un territoire plus paisible et dynamique, découvrez nos dossiers consacrés à la vie en Creuse ou a son bassin d’emploi dynamique. Vous y trouverez toutes les clés pour imaginer un autre futur, et peut-être franchir, le pas !
Photo principale : Détente en plein air ©Saison d’Or & Co. – M. Anglada
Dossier réalisé en partenariat avec le Département de la Creuse
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