« Exode urbain », « Les Français fuient les grandes villes », « Les Parisiens prennent la clé des champs »… Depuis la crise de la Covid-19, on entend beaucoup parler des citadins, notamment les Parisiens, qui afflueraient en masse vers les campagnes françaises. Mais dans la réalité, est-ce vraiment le cas ? Une étude réalisée par France Stratégie, en partenariat avec la région Nouvelle-Aquitaine publiée le 21 juin 2023, s’est penchée précisément sur cette question. Les résultats révèlent une réalité beaucoup plus nuancée.

Quels sont les indicateurs utilisés ?

L’étude de France Stratégie repose sur l’analyse de deux principaux indicateurs. D’abord, le taux de croissance des prix « d’un bien immobilier type, soit une maison de quatre pièces principales ». Également, les inscriptions scolaires de la maternelle au lycée. En croisant ces données, l’étude examine spécifiquement les villes moyennes et la région Nouvelle-Aquitaine, et compare la période pré-Covid (2017-2019) à celle post-Covid (septembre 2020 à septembre 2022 pour les inscriptions scolaires, et de 2019 à 2022 pour les transactions immobilières).

exode urbain

Des mouvements significatifs plus que des flux massifs

Un « desserrement métropolitain »

L’étude met en évidence un phénomène intéressant. En effet, il y a effectivement un ralentissement de la croissance des zones centrales des grandes métropoles. Les couronnes des métropoles (hors Paris) et des villes moyennes affichent quant à elles « toutes des valeurs positives ». On observe aussi une amélioration de la situation dans les petites villes et les communes rurales. Cependant, il convient de souligner qu’il n’y a pas de preuve d’un exode urbain massif.

Au-delà de ces observations, la diversité des situations prévaut. Il est clair que l’on trouve en France métropolitaine des zones d’attraction qui connaissent des évolutions supérieures ou inférieures à la moyenne. Mais la comparaison avec les trajectoires d’avant-crise ne permet pas d’identifier de continuité ou de rupture claire. En d’autres termes, l’étude ne contredit pas l’idée d’un désir de « mise au vert » des citadins, mais remet en question son intensité…

exode urbain

Quelles évolutions au niveau local ?

Dans la région Nouvelle-Aquitaine, déjà réputée pour son attractivité, aucune régularité macro-territoriale n’est détectée qui opposerait une zone littorale en plein essor à une autre en retrait.
Cependant, des évolutions marquées se manifestent dans certains territoires, avec des indicateurs montrant des baisses significatives (comme les pôles de La Rochelle ou Villeneuve-sur-Lot) et des augmentations notables (comme les couronnes de Loudun ou Montpon-Ménestérol). Ce sont des variations locales et des signaux qui ne suffisent pas à déclarer l’existence d’un exode urbain. En somme, la situation est complexe et il est clair que l’exode urbain ne peut être réduit à une explication simpliste.

L’étude conclue d’ailleurs ainsi : « Il se confirme que le terme d’ « exode urbain » paraît abusif pour décrire ce qui ressemble davantage à un « desserrement » des cœurs de métropoles au profit de leurs couronnes ou de territoires plus lointains. Par ailleurs, les résultats obtenus mettent en lumière l’hétérogénéité des trajectoires territoriales depuis la crise sanitaire, qui ne poursuivent pas forcément les trajectoires passées, quelle que soit la catégorie de territoire considérée. »

Et Paris dans tout ça ?

Chez Paris, je te quitte, nous sommes depuis 8 ans les témoins privilégiés de cette mobilité, loin d’être une dynamique nouvelle. Si la crise du Covid-19 a mis en lumière cette réalité, il convient de souligner que ce phénomène est enraciné bien plus profondément et persistera à l’avenir. En effet, la ville de Paris perd des habitants depuis plus d’une décennie. Entre 2012 et 2022, la capitale a vu sa population diminuer de près de 122 919 résidents, alors qu’elle gagnait en moyenne 3 700 habitants par an entre 2008 et 2013, selon l’Insee.

On constate également que les critères de sélection de destinations se sont renforcés. Les individus et les familles qui envisagent de quitter Paris pour s’installer ailleurs sont de plus en plus attentifs aux éléments qui influencent leur choix. Ces critères peuvent être divers, allant des conditions de vie, aux opportunités professionnelles et aux coûts de logement, en passant par la qualité de l’environnement ou la proximité des infrastructures.

De plus, l’essor du télétravail offre désormais une plus grande flexibilité géographique, ce qui pousse certains à privilégier des lieux de vie plus attrayants sur le plan personnel. En conséquence, les villes et les régions en périphérie de Paris peuvent devenir des destinations privilégiées pour ceux qui cherchent à établir leur résidence ailleurs. Ces zones peuvent offrir un équilibre plus harmonieux entre vie professionnelle et personnelle, avec des espaces verts, une ambiance plus conviviale, des coûts de logement plus abordables et moins de pression démographique…

En conclusion…

En ce qui concerne la méthodologie de cette étude, il est important de noter quelques biais. Premièrement, nous avons observé qu’une grande partie des Parisiens qui quittent l’Ile-de-France commencent par louer leur logement avant d’acheter ailleurs. Cela entraîne un décalage temporel entre leur départ effectif et l’impact de cette migration sur les prix du marché immobilier.

Pour le second indicateur, à savoir le nombre d’inscriptions dans les écoles, il offre certainement une approche plus directe. Cependant, il est important de noter que cet indicateur ne capture que les départs des familles ayant des enfants scolarisés. Ainsi, il exclut les familles avec de jeunes enfants, celles ayant des enfants majeurs, les célibataires et les couples sans enfants. Par conséquent, les résultats basés sur cet indicateur pourraient ne pas représenter l’ensemble des mouvements de population de manière exhaustive.

En bref, rendez-vous au prochain recensement pour avoir des données plus précises !

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