Graphiste depuis plus de vingt ans au sein d’un grand groupe aéronautique, Pascale a quitté Paris en plein confinement pour réaliser son rêve : ouvrir une boutique de décoration. C’est en Charente-Maritime et plus précisément à Arvert, qu’elle a choisi de donner vie à ce tout nouveau projet ! Son enthousiasme nous transporte vers un ailleurs qui pourrait bien vous inspirer…

50 ans de vie parisienne

Pascale est originaire de Suresnes dans les Hauts-de-Seine. Après dix années de carrière dans la gestion de restaurants d’entreprise, elle intègre un grand groupe de l’aéronautique qui lui permet de grandir professionnellement et de se reconvertir quelques années plus tard en tant que graphiste. Une activité qu’elle embrasse pendant plus de 20 ans. En parallèle, elle achète avec son mari, lui-même cadre dans l’industrie automobile, une maison à Viry-Châtillon.

Les années passent et les conditions de travail des deux époux se dégradent au sein de leurs grands groupes respectifs : “De mon côté, le pôle de 7 graphistes auquel j’appartenais se réduisait peu à peu comme peau de chagrin. La pression était de plus en plus forte. La création minute vidait mon métier de tout son sens. Mon mari, quant à lui, a subi de plein fouet l’expatriation de son poste en Roumanie et s’est retrouvé au placard.” Un contexte peu favorable qui finit par avoir raison de leur santé : “Je me suis retrouvée 3 fois à l’hôpital pour cause de pancréatite aiguë et inexpliquée, en tout cas par le corps médical, car j’avais bien conscience que ces épisodes chroniques survenaient systématiquement en période de grand stress professionnel.”

À tribord toute !

Le déclic

C’est un dîner entre amis qui reste dans la mémoire de Pascale comme l’élément déclencheur de son grand changement de cap. “Un soir, une de mes très bonnes amies, elle-même originaire de La Tremblade en Charente-Maritime m’a dit : « Pascale, pourquoi tu ne te lances pas ? Pourquoi tu ne quittes pas tout ça pour monter ouvrir une boutique ? » Si je me suis empressée, sur le coup, de lui rétorquer qu’on ne pouvait décemment pas claquer la porte aux conditions et aux salaires avantageux de grands groupes comme les nôtres, j’ai réalisé, ni une ni deux, que c’était la seule solution. J’ai dormi là-dessus et le lendemain ma décision était prise.”

Un projet en tête depuis de longues années

En ce qui concerne son avenir professionnel, le nouveau projet de Pascale s’impose à elle comme une évidence. D’aussi loin qu’elle se souvienne, elle a toujours rêvé d’ouvrir sa propre boutique de décoration et pas des moindres : une maison entière où se mêleraient des objets hétéroclites du plus classique au plus ethnique pour presque tous les goûts et définitivement toutes les bourses. Un endroit où on se sentirait comme chez soi pour se laisser inspirer et se projeter tout naturellement ! Bille en tête, Pascale suit d’abord une formation sur l’entrepreneuriat à Paris. Convaincue qu’elle est sur la bonne voie, elle part alors à la recherche de cette fameuse demeure, futur cocon douillet de sa petite entreprise.

ouvrir une boutique de décoration

Embarquement immédiat pour la Charente-Maritime

Pascale et son mari s’étaient déjà rendus, à plusieurs reprises, en Charente-Maritime à l’occasion de rassemblements motos auxquels ils prennent régulièrement plaisir à participer : “Dans l’absolu, nous avions imaginé notre retraite à Bordeaux ; mais les prix de l’immobilier ayant flambé ces dernières années, notre projet semblait plus difficilement réalisable. La Charente-Maritime nous est donc apparue comme une bonne idée. Au départ, nous pensions nous installer au cœur du village de Mornac-sur-Seudre, mais celui-ci s’avère surtout vivant en pleine saison. Nous voulions un endroit qui bouge toute l’année. C’est donc sur la commune d’Arvert que nous avons jeté notre dévolu.”

Faire face à un double challenge

Dénicher non pas une, mais deux maisons !

Le projet de Pascale implique la recherche de deux biens : un destiné à sa boutique et l’autre à son habitation : “La priorité allait à mon projet professionnel. La localisation était un élément essentiel. Il fallait une artère passante pour bénéficier de visibilité et se créer rapidement une clientèle”. C’est ainsi qu’un bien situé sur la grande nationale menant aux plages et à Royan retient son attention.

Une fois l’affaire conclue, Pascale fait appel à des entreprises locales pour effectuer de gros travaux de rénovation : “Pendant ce temps, nous avons vécu au premier étage de la boutique qui n’a pas encore été réhabilité. Nous avions installé le strict nécessaire et nous faisions la vaisselle dans la baignoire. À plus de 50 ans, ce confort spartiate nous replongeait dans nos jeunes années!”. Un folklore qui a pris fin, pour leur plus grand plaisir, grâce à la vente de leur maison en région parisienne et l’achat d’un nouveau nid douillet à tout juste 3 km de la boutique de Pascale.

Ouvrir une boutique dans un contexte peu clément

Pour ouvrir sa boutique, Pascale a eu la chance de bénéficier de deux aides à la création d’entreprises de la Communauté d’Agglomération Royan Atlantique (CARA) et du département de Charente-Maritime. Mais le lancement de son projet a malheureusement souffert du contexte sanitaire actuel. Subissant les fermetures administratives imposées par le gouvernement, notre ancienne Parisienne n’a pourtant pas perdu un brin de son énergie et de sa créativité : “J’ai profité de ce temps calme pour créer des pièces que je vends dans ma boutique. Je recycle, je retape, j’associe les matières et les objets pour en créer de nouveaux : bijoux, cadre, miroir, luminaire… Je suis quelque peu hyperactive, alors j’ai besoin que les choses avancent. J’adore aussi chiner. J’ai encore mille idées en tête qui ne demandent qu’à se concrétiser !”.

Un bilan au beau fixe

Savourer un nouveau rythme au quotidien…

Nous sommes ici au paradis ! Il n’y a pas d’autre mot” affirme Pascale sans détour. “Nos salaires ont beau avoir été divisés par deux, on ne regrette pas un instant notre choix. Notre qualité de vie est telle que le sacrifice en vaut largement la peine. Auparavant, nos journées étaient remplies de stress et se déroulaient la boule au ventre de 7h30 à 17h30. Le weekend nous n’avions même plus l’énergie de braver la circulation pour profiter de la culture ou des autres attraits de la capitale.”

Aujourd’hui, le quotidien de Pascale est en effet tout autre. Sa boutique ouvre à 10h : “Je revis ! On peut se permettre de se coucher plus tard et de dîner chez des amis en semaine. Le matin, je prends mon petit déjeuner dans le jardin avant de rejoindre ma boutique qui est comme un second « chez moi ».”

…et un environnement exceptionnel !

“J’ose à peine le dire, mais j’ai un peu la sensation d’être en vacances tout le temps” se réjouit Pascale. Bercée par les flots, la Charente-Maritime dispose en effet d’un environnement remarquable : “Vivre proche de l’océan est un vrai privilège. Ici règne une atmosphère toute particulière même à la saison hivernale. Le littoral est jonché de plages sublimes comme celles de l’Embellie à Ronces-les-Bains ou encore celle du Vieux Phare à La Tremblade. Nous y avons aussi nos petites tables favorites comme le Martin Plage, le Gili Café ou encore l’Escale de l’Huître. La forêt domaniale de la Coubre offre de merveilleuses balades.”

Pascale évoque également les charmants villages alentour, comme Talmont-sur-Gironde juché sur son promontoire rocheux surplombant l’estuaire, l’ancien port de pêche de Mornac-sur-Seudre, mais aussi la vieille citadelle de Hiers-Brouage.

Phare de La Coubre, La Tremblade

Pas le moindre coin de ciel gris ?

“S’il y a une seule chose qui nous manque ici, ce sont nos amis restés à Paris” avoue Pascale, dont le planning de visites estivales semble déjà bien rempli. En à peine une année, le couple s’est, par ailleurs, fait de nombreuses connaissances sur place : “Nous avons toujours aimé recevoir du monde chez nous. Si les Charentais sont sympathiques, on a surtout rencontré pas mal d’expatriés comme nous, avec qui il est facile de créer du lien.”

Parmi les infimes bémols de cette grande aventure, l’ex-Parisienne souligne son goût prononcé pour le voyage qui se voit dorénavant relayé au second plan : “Sur ce point, je n’ai pas dit mon dernier mot ! Mon rêve initial était de parcourir le monde à la recherche de beaux objets et de les proposer à ma clientèle une fois de retour en France. J’espère pouvoir, un jour, allier ma passion pour le voyage à l’essor de ma boutique.”

Un petit conseil pour ceux qui hésitent encore à se jeter à l’eau ?

Selon Pascale, il ne faut pas se leurrer, le nerf de la guerre reste le travail. Il est donc essentiel d’avoir un projet en tête : “Il y a de belles entreprises en région mais il faut prendre soin d’assurer ses arrières, tout en gardant la fougue qui permet d’oser, de sauter le pas, car peu nombreux sont ceux qui le regrettent !”.

Pour s’intégrer aisément, il lui semble très important de ne pas arriver en terrain conquis : pour que les choses évoluent dans le bon sens, il faut être humble et donner de la considération aux gens où que l’on soit. Pour ma part, j’annonce sincèrement que je suis née à Paris, mais que mon cœur est bel et bien ancré ici : voilà pourquoi je me permets d’envahir leur paradis !”.

Merci Pascale pour ce beau récit ! Pour découvrir d’autres portraits d’ex-Parisiens néo-Aquitains, consultez la page de la Nouvelle-Aquitaine.

Photo principale : Royan © P. Baudry – CRTNA