De plus en plus de franciliens désirent quitter Paris pour aller vivre à la campagne. En 2018, un sondage de l’Ifop pour Familles Rurales met en lumière ce désir grandissant d’une vie en milieu rural : 8 Français sur 10 estiment que vivre à la campagne représente la vie idéale. Nous revenons dans cet article sur les raisons de cet engouement.

Le déclic des Parisiens pour un départ à la campagne

Diverses raisons poussent aujourd’hui les Franciliens à quitter la capitale pour se mettre au vert.

La pollution urbaine

Jusqu’à présent l’exode des Franciliens dans les campagnes était très marqué pour des périodes temporaires, lors des congés d’été. L’été est aussi propice aux vagues de chaleur et à la pollution de l’air. La pollution et le climat sont intrinsèquement liés et les climatologues et écologistes ne sont pas les seuls à s’en être rendu compte.

Lors de ses interviews d’ex-Parisiens, Paris, je te quitte s’est aperçu que de nombreux parents sont préoccupés par la santé de leurs enfants vivant au quotidien dans la pollution parisienne. Face à l’urgence climatique, de nombreuses familles désirent ainsi changer de vie et retourner vivre en milieu rural pour le bien-être de leurs proches et vivre plus en accord avec les valeurs écologiques.

Le coût de la vie

Une autre raison à la remise en question de la vie des citadins est le coût de la vie, notamment dans la capitale. Le 18 avril 2020, le journal Les Echos a publié un article intitulé Paris sur le podium des villes les plus chères du monde suite à une étude de The Economist. Que ce soit le loyer, les transports, l’alimentation, les loisirs, Paris est la ville la plus chère de France et la crise du Covid n’a fait qu’accroître ce phénomène.

Laurent, parti vivre dans la Nièvre, nous a fait part des contraintes de la vie parisienne : « J’étais un parisien très heureux mais j’ai vu ma ville évoluer. Je la trouvais de moins en moins attrayante car les déplacements motorisés que je faisais souvent devenaient de plus en plus compliqués. Je gagnais très bien ma vie mais je dépensais aussi beaucoup pour mon logement, mes voyages… Cette course perpétuelle ne me correspondait plus, j’ai eu envie d’autre chose. »

Cette crise économique a ainsi entraîné une envie de partir en direction des campagnes. Ce sont souvent des personnes en quête d’une vie plus simple où les trois-quarts des revenus ne partiront pas dans les frais du quotidien, à condition d’arriver à conserver un salaire suffisant, ce qui est souvent la question.

Le manque de temps, le stress et les embouteillages

Un autre argument récurrent dans ces départs pour la campagne reste le quotidien difficile associé à la vie parisienne. De nombreux ex-Parisiens ont pointé du doigt ce sentiment d’une perte de temps incessante notamment dans les transports.

Avec le travail, souvent à 1h de métro ou de RER du lieu de résidence, la routine métro / boulot / dodo s’installe. L’envie ou l’énergie de faire quoi que ce soit les soirs de semaine ou le week-end s’amenuise, plongeant ainsi les Parisiens dans une routine infernale souvent cause de stress et de fatigue.

Cette fatigue liée aux temps de transport est aussi liée à la foule et au bruit incessant dans les embouteillages et dans les rues de Paris. Cette proximité et cette nuisance sonore quotidienne donne envie à de nombreux Parisiens de retrouver le calme des campagnes et l’espace qu’ils n’auront jamais à Paris. Denis nous a fait part de son envie de retourner vivre à la campagne pour ces raisons : « J’ai grandi à la campagne, dans un petit village où tout le monde se connaissait. Pour moi, il y avait juste trop de monde à Paris, ça a été un très gros changement. Ce n’était pas la vie que je souhaitais. Trop de stress, trop de pression. »

La crise sanitaire et les confinements à répétition

Comme nous l’avons évoqué plus haut, la crise sanitaire a entraîné une hausse du coût de la vie. Mais la pandémie a aussi entraîné le confinement total ou partiel de nombreux citadins. De nombreuses familles ont été confinées dans de petits appartements parisiens, tentant tant bien que mal de conjuguer télétravail et vie de famille.

Suite à ces confinements, de nombreux Parisiens se disent prêts à quitter Paris et à trouver un lieu de vie avec plus d’espace, à acheter une maison avec jardin et à profiter de la nature. Pour plus d’informations sur ce sujet, vous pouvez consulter notre étude réalisée en janvier 2021 qui démontre que 69 % des Franciliens en quête d’une mobilité ont véritablement enclenché leur projet de départ suite au confinement.

Trouver à la campagne ce que l’on ne trouve pas en ville

Un projet d’installation à la campagne doit être mûrement réfléchi. Les ex-parisiens qui ont sauté le pas teste souvent la vie sur place lors de vacances. Il faut comprendre les changements que cette nouvelle vie implique, le travail et la vie de famille.

Une fois le pas franchi, après avoir emménagé à la campagne, de nombreux ex-Parisiens ne regrettent pas leur choix. Bien qu’il faille prendre en compte un temps d’adaptation à ce nouveau rythme et ce nouveau mode de vie, ils observent souvent un changement radical dans leur quotidien et retrouvent des valeurs qu’ils avaient mis de côté à Paris.

Une véritable amélioration de la qualité de vie

Pour beaucoup, il y a une nette amélioration de la qualité de vie. Le calme environnant de la campagne apaise et permet de couper plus facilement avec le travail une fois rentré chez soi.

D’autres ex-Parisiens mettent en avant une impression d’être en vacances tous les week-ends car leur nouvel environnement leur permet de faire de grandes balades dans la nature à pied, sur les voies vertes à vélo ou encore de découvrir toutes sortes d’activités en extérieur comme l’escalade et l’équitation. Des activités qui permettent de profiter de l’environnement et de la beauté des paysages et bien moins accessibles pour ceux qui habitent au centre de Paris.

Au quotidien, les familles remarquent aussi une baisse du coût de la vie. Certaines vont jusqu’à aménager un jardin potager pour faire pousser leurs propres légumes. Avec plus de temps et d’énergie, certains témoignent d’une envie de faire plus de choses, de reprendre une passion ou un loisir mis de côté à Paris, ou encore de s’impliquer dans la vie locale du village dans lequel ils se sont installés.

Un retour à l’essentiel

En quittant Paris pour partir vivre à la campagne, l’un des premiers changements radicaux effectué est souvent ce renoncement à cette vision de la société productiviste, capitaliste et consumériste pour un mode de vie différent. Un quotidien plus ancré dans l’humain, le minimalisme et le respect de l’environnement.

Vivre à la campagne permet de prendre du recul sur ses habitudes et sa façon de consommer. Loin de tous ces panneaux publicitaires et de ces phrases injonctives qui poussent à l’achat de biens, les ex-Parisiens se rendent compte que leur notion de « besoin » a fondamentalement été modifiée et pour le meilleur.

Les Franciliens partis vivre à la campagne se rendent compte que d’autres choses ont de la valeur : avoir du temps pour soi et pour sa famille et échanger avec autrui dans un espace non-marchand. À la campagne, on ne se retrouve pas forcément dans un café, dans un théâtre ou un cinéma mais plutôt chez les uns les autres pour partager des moments simples et conviviaux autour d’un repas fait maison … parce qu’ici, on a le temps.

Retrouver une certaine autonomie

Avec l’éloignement de toutes commodités, supermarchés, écoles et autres services, la vie à la campagne développe de fait l’autonomie et l’entraide entre ses habitants. On s’inscrit dans un réseau de proximité, les voisins deviennent vite des amis, des personnes sur qui on peut compter. Les trocs de services entre locaux sont plus courants.

Véronique s’est installée en Haute-Vienne avec son compagnon, elle a été ravie de l’accueil chaleureux : « Ici, nous ne connaissions personne mais nous avons trouvé les gens très accueillants. Dès les premiers jours nous sommes tombés sous le charme des habitants. Dès que nous allions quelque part, nous étions accueillis avec le sourire. On nous proposait de l’aide. Nos voisins ont aussi fait preuve d’un très bon accueil. Ils nous ont invités avec des amis à eux pour nous permettre de rencontrer du monde. »

La campagne est ainsi un milieu d’entraide qui valorise l’échange, l’autonomie et l’apprentissage de nouveaux savoirs. On y trouve ainsi de nombreuses associations, des fablabs, des structures comme l’École comestible (qui a pour objectif de faire entrer l’éducation alimentaire dans les classes et les cursus scolaires) qui répondent à ce besoin de mieux vivre ensemble.

Les projets de vie des néo-ruraux bobo

La boboïsation des campagnes est de plus en plus courante. Les néo-ruraux bobo, ex-Parisiens re-dynamisent les campagnes en y créant des projets tournés vers un mode de vie plus responsable et respectueux de l’environnement tout en y ajoutant une pointe de modernité.

Créer des logements ruraux écologiques

Éco-quartiers, éco-logements, ou encore maisons écolo, la tendance de ces foyers écoresponsables est de plus en plus importante. Paris, je te quitte avait interviewé Benjamin et Nicolas qui ont fait construire une maison Soleta. Vous pouvez découvrir leur projet ici. Certains profitent de cette mode pour créer des lieux de vacances écologiques.

Aussi appelés des hébergements insolites, ces hébergements sont souvent situés au cœur de la nature. Ces gites, maisons d’hôte ou camping, font profiter aux visiteurs d’une nature préservée tout en formant à des pratiques plus responsables comme la gestion de l’énergie, des déchets, le gaspillage de l’eau, le recyclage ou encore le jardinage.

Les étangs de Taysse dans le beau département de la Corrèze permet de profiter d’un magnifique endroit dans une lodge, un cottage ou encore d’une maison sur l’eau. Les visiteurs peuvent y pratiquer divers sports en pleine nature: promenade, baignade et autres sports. Les propriétaires du lieu ont pris des mesures engagées pour respecter l’environnement comme l’utilisation de lampes à économies d’énergie, de produits d’entretien écolabels, la proscription des pesticides et l’élaboration de plats faits à partir de produits locaux.

Des espaces de travail originaux

Cependant, la campagne n’est pas uniquement un lieu de vacances. De plus en plus de Parisiens cherchent à faire du télétravail dans ces lieux calmes, propices à la concentration et au repos. Ainsi, pour les personnes pouvant faire du télétravail, des tiers-lieux et des espaces de coworking ouvrent un peu partout.

Ces espaces de coworking conjuguent souvent une envie de se mettre au vert et de prendre le temps de remettre en question son mode de vie. Ils permettent même de loger sur place et de rester quelques semaines. C’est par exemple le cas de Mutinerie Village dans le Perche, un espace de travail partagé qui combine permaculture et fabrication numérique. Les cofondateurs parlent de « workation », un mélange de “work” (travail) et “vacation” (vacances) pour expliquer ce lieu où l’on peut travailler tout en profitant d’un cadre de vacances.

Le retour à l’artisanat

Certains Parisiens qui décident de tout plaquer pour se lancer dans la permaculture à la campagne. Nous avons eu le plaisir de questionner Ophélie qui a quitté Paris pour s’initier à la permaculture en Sologne. Elle a laissé tomber un poste dans la publicité pour aller apprendre à faire pousser des légumes : « Je prends le pari comme beaucoup d’essayer de régénérer la terre, et de faire attention au vivant, qu’il soit végétal, animal ou humain. Je suis convaincue qu’un apprentissage à l’autonomie et une mutualisation des savoirs et des outils (open source, coopérative, jardins partagés, etc…) sont les clefs pour vivre mieux. »

Mais la permaculture n’est pas la seule reconversion à la mode en milieu rural. On peut aussi voir fleurir des producteurs de produits locaux, artisanaux comme les brasseries artisanales, les créateurs d’objets à partir de matières recyclées ou encore des producteurs de plantes comme le safran. Parmi les gagnants des idées inspirées de la Haute-Marne on retrouve des projets porteurs de sens, liés à l’écologie comme les tables en bois et en résine bio sourcée de Tanguy Dongois.

On voit ainsi l’apparition d’une revalorisation des travaux manuels et une mode plutôt positive de la production éthique, responsable et made in France.

Et vous ? Avez-vous envie de partir vivre à la campagne ?