À quoi ressemble le quotidien d’un médecin qui quitte Paris pour aller travailler en province ? Quels sont les avantages à travailler dans une ville moyenne ou en milieu rural ? Nous revenons dans cet article sur les avantages de l’exercice médical en région et les dispositifs mis en place par les villes et les départements pour faciliter l’installation des médecins qui souhaiteraient changer de vie.

Un cadre plus serein

Des transports plus agréables

La vie en région est pleine d’atouts, les professionnels de santé en bénéficient bien évidemment. L’un des premiers qu’ils soulignent est la facilité qu’ils ont à se rendre sur leur lieu de travail : plus de métro dans lequel se serrer aux heures de pointe, du moins pour ceux qui se sont éloignés des métropoles régionales.

Ces heureux néo-provinciaux peuvent vivre plus près de leur lieu de travail et s’y rendre à pied ou à vélo. Et pour ceux qui utilisent la voiture, ils soulignent souvent l’absence de bouchons en début et fin de journée ce qui réduit considérablement leur temps de transport quotidien.

« Pas de transports en commun, un vrai confort et un bureau avec vue sur mer, c’est quand même vachement chouette. »

Tiffany Vigier-Desquesnes, médecin généraliste dans la Manche

En plus du temps de transport réduit, Tiffany fait partie de ces médecins qui apprécient de pouvoir profiter de leur pause déjeuner pour aller se promener au bord de la mer, lorsqu’ils exercent dans une ville côtière, ou dans un parc ou une forêt pour les autres … Une manière de se ressourcer avant l’après-midi de consultations à venir.

Un lieu de travail agréable

L’un des atouts non négligeables à l’exercice médical en province est très souvent le lieu de travail mis à disposition. De plus en plus de départements et de villes moyennes font construire de nouvelles structures bien équipées, adaptées aux besoins des médecins et autres professionnels de santé.

Le Lot fait partie des départements qui ont fait le choix d’investir dans la santé sur leurs territoires. Ces dernières années, 12 maisons de santé ont été créées. Ces nouveaux lieux sont souvent aussi modernes et respectueux de l’environnement.

La communauté de commune du Mont des Avaloirs est équipée aujourd’hui de deux maisons pluridisciplinaires de santé. L’architecture des bâtiments a été pensée pour être agréable aux patients et aux personnels soignants. Ce sont des locaux lumineux, équipés de grandes baies vitrées pour limiter la consommation d’électricité et de panneaux solaires pour privilégier les énergies renouvelables.

Des lieux d’exercice variés

Travailler en province en tant que professionnel de santé permet d’avoir accès à une plus grande variété de lieux d’exercice. Pour les anciens parisiens qui souhaitent garder une atmosphère de travail proche de celle de Paris, il y a les grandes métropoles qui permettent d’avoir un appartement en centre ville, de se rendre à son cabinet à pied ou en vélo. Certains préfèreront les villes moyennes pour plus de contraste et bénéficier d’un cadre de vie plus calme.

Les professionnels qui souhaitent changer radicalement leur quotidien peuvent exercer en milieu rural, dans un centre de santé par exemple. Il faut certes se déplacer en voiture mais l’on peut profiter d’un cadre de travail agréable au cœur de la nature.

Maillage et soutien des autres professions médicales

Un écosystème de professionnels

Contrairement à ce que l’on pourrait penser, le travail d’un médecin en province n’est pas obligatoirement celui d’un médecin solitaire, livré à lui-même. De nombreuses structures, telles que les polycliniques, les hôpitaux, les médecins généralistes collaborent sur chaque territoire à l’échange d’informations, au soutien des praticiens de santé et au suivi complémentaires des patients. Preuve en est, de plus en plus de maisons de santé se développent. Ces structures ne pratiquent pas le cloisonnement mais bien au contraire forment une équipe avec un écosystème diversifié de praticiens de santé : infirmier, podologue, orthophoniste, orthoptiste, psychomotricien, psychologue, diététicienne, dentiste, médecin … sont ainsi regroupés dans un même lieu.

« J’ai tout de suite trouvé un esprit très solidaire entre médecins, une véritable « confraternité ». Entre praticiens, on se connaît, on se croise souvent, on se tutoie : ici on peut véritablement compter les uns sur les autres, cela crée une excellente ambiance de travail. »

Pierre, médecin nucléaire à Châteauroux

C’est par exemple ce que l’on observe en Normandie, dans l’agglomération Seine-Eure : la Maison de Santé Louviers Jean Nicolle est une maison pluri-professionnelle sur fonds privés qui regroupe 13 professionnels : 4 médecins généralistes, 3 infirmières libérales, 1 infirmière Asalée, 1 diététicienne, 2 sages-femmes, 1 psychologue clinicienne, 1 psychologue du travail et thérapeute EMDR ainsi que des consultations de seconds recours.

Le Loir-et-Cher compte 18 maisons de santé pluridisciplinaires sur son territoire dont 7 qui ont ouvert ces sept dernières années. L’une de ces maisons de santé dénombre plus de 50 professionnels de santé. Le Loir-et-Cher est aussi tourné vers la formation, on trouve parmi ces maisons de santé, 2 maisons de santé pluridisciplinaire universitaire à Cheverny et Vendôme.

Un accueil à bras ouvert

Les départements sont très souvent constitués de communautés accueillantes, qui se réjouissent de l’arrivée de nouveaux médecins et font en sorte que l’installation de ces nouveaux arrivants se passe dans les meilleures conditions.
Les mairies soutiennent l’installation des jeunes et proposent des aides pour faciliter l’emménagement tel que le Contrat d’Aide à l’Installation des Médecins (CAIM).

« La réactivité du maire a été déterminante. Nous l’avons contacté et, le lendemain, il nous proposait déjà un local »

Capucine Champvalont, dentiste

Par exemple, dans le département du Lot, les professionnels de santé qui s’installent peuvent bénéficier de plusieurs incitations financières. Parmi ces aides, une exonération fiscale pour installation dans une zone de revitalisation rurale (ZRR) ou le dispositif de Praticien Territorial de Médecine Générale (PTMG).
On trouve aussi dans le Lot, un réseau de référents accueil professionnels qui guide lors de l’installation, renseigne sur les structures existantes et oriente vers les meilleurs interlocuteurs.

Des projets ambitieux à développer

Des territoires qui mettent la santé en priorité

Le Loir-et-Cher fait partie des territoires qui s’investissent dans des projets ambitieux pour lutter contre la désertification médicale. Le conseil départemental a créé un plan d’action en partenariat avec des acteurs de la santé : le plan « le 41 en bonne santé, 2021-2025 ». Ce plan s’articule autour de 4 axes stratégiques : l’amélioration de l’offre de santé, l’accessibilité des soins, le renforcement de la prévention et la consolidation des parcours de santé.

Acquérir de nouvelles compétences

Les partenariats tissés avec les établissements hospitaliers publics ou privés du département ouvrent de nouvelles perspectives. Les médecins peuvent se former à d’autres compétences pour répondre aux besoins des jeunes actifs présents sur le territoire. Par exemple, les médecins généralistes peuvent se former à l’échographie et à la gynécologie en réalisant une formation complémentaire. Différentes universités de médecine dispensent ces formations.

De nouvelles manières de collaborer entre praticiens sont aussi mises en place au sein des territoires. Des protocoles plus adaptés sont instaurés avec les paramédicaux pour répondre aux besoins des patients.

« Je travaille à mettre en place des protocoles avec les paramédicaux, je me forme à l’échographie et à la gynécologie pour tendre de nouvelles cordes à mon arc. Avec des aides de la sécurité sociale, j’ai même pu acheter un échographe »

Tiffany Vigier-Desquesnes, médecin généraliste dans la Manche

Etudes et innovations

Dans le milieu étudiant, des projets innovants se développent notamment à Troyes. Face à la forte demande de nouveaux praticiens et soucieuse de répondre aux besoins de ses usagers, l’agglomération troyenne a développé plusieurs projets innovants. Le projet phare de Contrat local de Santé de l’Agglomération Troyenne consiste à créer une Maison Pluriprofessionnelle de santé à vocation Universitaire (MSP-U) qui aura vocation à développer de manière significative les trois axes retenus par l’Agence Régionale de Santé (ARS) : soigner, former, développer la recherche.